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 Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée]

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(#) ♣ Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée]

par la plume de Invité ϟ Posté Ven Juil 06 2012, 19:08



Yolanda Yeabow

"Contente-toi de savoir que tu as une mère qui t'adore, et qui veille sur toi nuit et jour.
"







Personnage
|- Age : 36 ans [18/03/66]
|- Métier : Professeur d'Histoire de la Magie
|- Camp : Mangemort
|- Sang : Purissimissime Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée] 2013935694
|- Épouvantard : Le souvenir d'Ariane l'empoisonnant.
|- Célébrité : Angelina Jolie

Joueur
|- Pseudo : Aurora
|- Age : 14 ans
|- Présence sur le Forum : 10/10
|- Code du Forum : Autovalidé Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée] 2013935694
|- Quelques choses à ajouter ? :  Yataaaa ! Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée] 1566404724




"Ayez pitié des méchants" - Vous ne savez pas ce qui se passe dans leurs coeurs

Aimante, Passionnée, Logique, Consciencieuse, Ambitieuse, Réfléchie, Observatrice, Eloquente, Fière, Fidèle aux principes, mais aussi Méchante, Sadique, Froide, Colérique, Impulsive, Orgueilleuse, Méfiante, Menteuse, Cruelle, Manipulatrice, Hypersensible, Vindicative, Egoiste, Capricieuse, Jalouse, Possessive


« Elle… Elle me fait peur… Je vois bien, je vois bien comment elle est… Même… même à première vue, elle paraît redoutable… Et elle est méchante, vraiment méchante. On dirait qu'elle prend plaisir à faire le mal, et c'est une adversaire qu'il vaut mieux ne pas avoir… Entêtée, calme et intelligente, elle gagne toujours ; elle a toujours gagné. Cependant, elle accorde une très haute opinion de son honneur. Et elle sait réfléchir, savoir ce qui blesse, exactement ce qui peut faire le plus mal… Avec elle, il n'est aucunement question de torture physique — la plupart du temps. Il s'agit de douleur morale, du supplice psychologique… Je ne comprends pas pourquoi… ça me fait peur… D'ailleurs, je ne suis pas la seule ; elle inspire la peur partout, à tout le monde. Mais elle voudrait que je fasse exception à la règle. Avec moi, elle est incertaine, elle doute de chacune de ses paroles… C'est étrange de sa part, elle qui paraît si sûre d'elle, si fière… Avec moi, je sens bien qu'elle est différente. Je sens qu'elle est humaine. Face au monde extérieur, elle affiche un masque distant, hautain, méfiant… mais avec moi, toute cette froideur tombe. Elle devient alors méconnaissable. Elle… — elle m'aime. Et peut-être n'est-elle pas habituée à éprouver de l'amour — autant d'amour —, peut-être est-ce cela qui la trouble tant.

Elle est habituée à cette existence réglée qu'elle vit, mais j'ai l'impression que si jamais quelque chose — comme moi — venait à la changer, elle en serait bouleversée et confuse. »

Extrait du journal intime d'Ariane Crewe, alors âgée d'une douzaine d'année.


©️ Never-Utopia


Dernière édition par Yolanda Yeabow le Dim Juil 15 2012, 14:50, édité 11 fois
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(#) ♣ Re: Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée]

par la plume de Invité ϟ Posté Ven Juil 06 2012, 19:09




"My Past" - Histoire


La lettre qui va suivre a été écrite dans un futur hypothétique, où les Mangemorts seraient arrêtés.


Ariane,

C’est étrange, tu sais, comme sensation. Etre aux portes de la mort. Je ne tremble pas, je n’ai pas peur – comme si je ne ressentais rien. J’ai fait des choses terribles dans ma vie, et j’en ai rougis, j’en ai frémis. Aujourd’hui, ce soir, c’est le vide. Je crois que c’est le plus terrible, le plus vertigineux. Comme si rien de tout cela, rien de mes souvenirs, rien de ma vie n’avait été vrai. Tu n’es plus là, Ariane. Ni toi ni personne. Alors je me raccroche à ma plume, je me raccroche à ce que j’ai vécu. Il me reste plus que cette plume. Et un visage, qui ne cesse de s’extirper des abysses de ma mémoire. Ton visage.

C’est cela, les portes de la mort. Etre seul, avec une plume et ses souvenirs. Et s’y raccrocher, se raccrocher à chaque instant, chaque bouffée d’air, chaque mouvement, chaque seconde.

Ariane, je ne te demanderai pas de me pardonner. Je sais que j’ai fait des choses impardonnables, des choses qu’on n’oublie pas. Je ne te dirais pas non plus que je suis désolée : je ne regrette rien. Chaque chose que je l’ai faite, je l’ai faite en connaissance de cause, je l’ai faite par égoïsme, par besoin, parce que j’avais souffert et parce que je voulais vivre.

Je ne cherche pas à me défendre, Ariane. Je vais seulement te dire, te dire pour que tu saches – parce que tu dois savoir. Pour que tu sois libre de me juger, aussi. Pour que tu ne sois plus prisonnière de ce brouillard affreux, dans cette toile de mensonge infernale que j’ai tissée autour de vous. C’est très important, la vérité, Ariane.

Au commencement, tu sais, personne n’est vraiment mauvais. Le mal relève de l’acquis et non de l’inné. Il te séduit, tu te laisses tenter ; puis il te modèle, et tu lui appartiens. Tu te laisses piéger. Tu es entraîné par un courant de crimes, et tu ne t'arrêtes plus quand tu veux.

Ariane, quand on provient d’une famille de Sang-Pur de ce genre-là, illustre, éminente, on n’est pas considéré comme un enfant, on est seulement un héritier. J’ai bénéficié d’une éducation princière, et j’ai vécu toute ma vie dans le luxe. Seulement, il y avait cette flamme froide dans leurs yeux, les yeux de mes parents, leur indifférence. Par exemple, je ne me souviens jamais avoir vu ma mère me montrer un quelconque signe d’affection, une marque de sympathie ou d’encouragement. Elle était froide, particulièrement à mon égard. Cela m’échappe. Tu sais Ariane, je ne comprends pas. Pas ça. J’arrive à comprendre le vice qui pousse un homme à ôter la vie à un autre, j’arrive à comprendre cette flamme, cette étincelle qui consume l’être humain et qui lui donne plaisir à contempler le mal, l’horreur ; cela, je le connais. Mais qu’une femme, une mère, puisse dénigrer son enfant, chair de sa chair, sang de son sang, petit être qu’elle a mis au monde et qu’elle a vu grandir, cela… Oh cela, cela me dépasse, Ariane. Un jour, tu m’as dit que je n’aimais pas, que je ne savais pas aimer. Si tu savais, Ariane, si tu savais… C’est plus fort que moi, cet amour-là. A l’instant même où tu naissais, c’est une force qui m’a envahie, terrible, déchaînée et frénétique ; j’étais abnégation, j’étais véhémence, j’étais la passion torrentielle ; j’étais mère. C’est une force, c’est quelque chose qui dépasse l’entendement humain. Et ce sont des mots, là, des mots que j’aligne et qui ne veulent rien dire. C’est faible, c’est si faible, les mots, quand on aime…

Ce qui est étrange, c’est qu’en grandissant, j’ai commencé à calquer mon caractère sur celui de ma mère. Sans m’en rendre compte, bien sûr, et c’était cela le plus terrible. Nous avions la même nature.

Ariane, c’est bien terrible d’être un enfant, quand on a des rêves, lorsqu’on est rongé par une ambition démesurée, et qu’on nous rabaisse sans cesse. C’est un drame et une tragédie de venir au monde semi-accompli, alors qu’on ne demande qu’à réaliser de grandes choses. J’étais trop à l’étroit dans ce petit corps faible. Je me sentais désarmée, inutile.

De mon enfance, je me souviens aussi du sourire de mon père. C’est la seule chose que j’aie gardée de lui. Une fois, un sourire, quelque chose de sincère. J’avais quatre ans, il mort. Il était Mangemort, c’était une mission. Ensuite, je l’ai oublié. Mais je crois que j’ai été comme toi, Ariane, que j’ai aimé un peu mon père.

Ma mère donnait sans cesse de fastueuses réceptions, dans le Manoir. J’ai appris à me réfugier dans la bibliothèque, et à aimer les livres. Je savais que ces ouvrages m’apprendraient la puissance, qu’ils m’ouvriraient le chemin. Une avidité sans égale est née en moi ; j’ai voulu tout connaître, tout savoir, me plonger toute entière dans l’érudition et m’y vouer, posséder une culture riche et foisonnante. Savoir, cela me donnait l’impression de dominer. Et j’aimais cela, vraiment. Plus que tout au monde.
Avec ma mère, j’ai découvert aussi que je savais mentir. J’ai cru que cela me sauverait – et ça m’a sauvé, à de nombreuses reprises – mais plus tard, c’est le mensonge qui m’a entraînée dans ma chute.

Le temps s’écoula, plein des effluves nauséabonds et des parfums mornes du quotidien. Je n’ai jamais su être heureuse, dans mon enfance. J’aurais pu, peut-être, sûrement, mais je n’ai pas su.

Je ne sais pas si je dois en vouloir à mes parents. C’est vrai que ce sont eux qui ont inculpé en moi les valeurs du sang auxquelles je devais croire toute ma vie ; c’est vrai que je me suis inspirée sans le vouloir de l’exemple de dureté et de force qu’ils me présentaient ; c’est vrai que ce sont eux qui m’ont appris à banaliser la violence et le mal, mais ce ne sont pas eux qui ont fait de moi l’être profondément mauvais que je suis devenu. Il y a des événements dans ma vie, plus tard, qui sont survenus et qui m’ont plongée encore plus profondément dans les ténèbres, dans le mal. J’ai fait de mauvais choix. Des erreurs. Je n’ai pas su affronter les épreuves comme il se devait. Je n’ai pas su garder la tête haute, je me suis laissé vaincre et gagner par ce mal. Je le sais aujourd’hui, je ne dois qu’à moi-même chacune des souffrances et des ignominies qui sont advenues par la suite.

Ariane… Je ne devrais pas te raconter tout cela. Je vais mourir. Dans longtemps, bientôt déjà. Il ne reste que moi, et la plume. Ma plume, c’est mon seul échappatoire. Si je ne consigne pas mes souvenirs maintenant, ils s’évaporeront, ils disparaîtront comme si Yolanda Yeabow n’avait jamais existé. Je ne devrais pas t’encombrer avec, mais c’est plus fort que moi, comme chaque horreur que j’ai commise. C’est tellement simple de faire le mal, et de dire que c’était plus fort. Je n’ai pas été forte. Je n’ai jamais baissé les yeux, j’ai soutenu mes idéaux jusqu’au bout et j’ai toujours su avoir le dernier mot, mais j’ai manqué du courage de regarder mes actes comme ce qu’ils étaient vraiment, du courage de me poser des questions, du courage de me battre contre mon propre mal. Je me suis vautrée dans ma complaisance comme une bête ; entre le bien et la facilité, j’ai choisi la facilité.

Ariane… La plupart d’entre nous n’avaient pas le choix, lorsqu’ils sont devenus Mangemorts. Ils étaient nés pour l’être. C’était un destin, un destin contre lequel tu ne pouvais pas te battre. On te l’imposait. Il n’y a pas de courage, tu sais ; c’est seulement une question de naissance. Naître dans le bon camp. On exerçait sur les enfants une pression terrible. On les endoctrinait.
Mais moi… Oh, moi, je suis devenue Mangemort par choix. J’avais vingt ans, j’étais seule, j’avais le Sang-Pur, et je voulais le pouvoir. Et j’étais prête à me battre pour l’obtenir.

L’être humain a besoin de se raccrocher à des passions pour exister. Il a besoin d’aimer, pour être fort. Il doit lutter, pour vivre. Avant d’être mère, j’ai aimé deux choses, deux abstractions, consciente que l’une me mènerait à l’autre : l’érudition, et la puissance.
Les livres de mon enfance avaient enraciné en moi l’ambition. Je rêvais, déjà, sans m’en rendre compte, sans posséder une once d’imagination. Je débordais d’énergie, de force, de passion, sans savoir dans quelle cause les investir.
Le mal m’a séduite. Parce que je croyais aux valeurs du Seigneur des Ténèbres. Triste chose à dire, à admettre, aujourd’hui. Mais j’y crois toujours, toujours autant, toujours aussi fort, des années après.
Le mal m’a séduite, aussi, parce que ç’allait être les vainqueurs.

En parallèle, j’étudiais. Guidée par la soif de puissance qui m’avait commandée toute mon enfance, j’avais décidé de devenir professeur à Poudlard. Ce statut-là m’offrirait la stabilité, l’influence, peut-être. J’allais pouvoir satisfaire mes pulsions sadiques sur des enfants, et cette perspective m’enchantait. J’allais pouvoir, chaque jour, me réjouir de faire le mal, de voir de la souffrance se peindre sur ces jeunes visages. Ce n’est pas normal, n’est-ce pas, Ariane ? Mais cela me ravissait, en quelque sorte, cela me donnait un peu d’importance, alors, je ne prêtais attention à rien d’autre. C’est pitoyable, n’est-ce pas, Ariane ? Mais cela renforcer mon impression, mon illusion de puissance, alors je ne me posais pas de questions.
J’ai voulu devenir professeur, aussi, parce que cela me permettrait de vivre plongée davantage encore dans l’érudition ; j’avais le droit, maintenant, de passer des journées entières dans l’immense Bibliothèque de Poudlard, et mes nuits à étudier des ouvrages anciens. Les livres ont toujours exercé sur moi une fascination indéfectible. J’avais l’impression qu’ils me préservaient de moi-même, en quelque sorte, qu’ils me permettaient d’oublier un peu la réalité. Et l’Histoire de la Magie m’avait tout de suite attirée. Pour beaucoup, c’est une matière ennuyeuse. Je trouve qu’il y a quelque chose d’extraordinaire à connaître le récit des luttes anciennes qui ont été menées par les sorciers, leurs échecs, leurs conquêtes. Il ne faut pas oublier, Ariane. Jamais oublier.

Ariane… Tu t’es posé des questions, je crois, au cours de ta vie. Lorsque je me suis présentée à toi comme étant ta mère, tu n’as pas compris, je pense. Tu t’es demandé comment un homme comme ton père, un grand homme, très brillant, avait pu s’abaisser à aimer une femme comme moi, mauvaise et terrible, qui cachait toutes les bassesses qu’elle avait pu commettre sous son manteau royal. Tu t’es demandé de quelle sorte d’union tu étais née, parce que deux êtres si différents ne peuvent pas s’aimer.

Je vais te le dire, enfin, Ariane.
Tu es née d’un mensonge.

C’était ma première mission en tant que Mangemort, et j’en avais été très fière. J’avais vingt ans, je venais d’être engagée, et déjà on me proposait cela ! Infiltrer l’Ordre du Phénix. Espionner. Trahir. Oh oui, j’étais fière, terriblement. La perspective de gloire future me grisait ; j’étais certaine de mon succès.

Ils m’ont dit… Ils m’ont alors dit que je devais changer d’identité, pour ne pas être reconnue, pour que ce soit plus sûr. Ils m’ont fait absorber du Polynectar. C’étaient les cheveux d’une autre femme, d’une prisonnière à eux, et j’ai longtemps ignoré l’identité véritable de celle qui allait me prêter son visage, son corps, sa voix et son nom. Je ne me suis pas posée de question. On m’offrait un rôle, et je me devais de le jouer correctement. Je devais mentir.

J’allais m’appeler Kimberley Field. J’allais être blonde, belle, différente. J’avais appris scrupuleusement mon rôle – mon premier rôle, mon grand rôle. Je savais mentir, je ne craignais rien.

Lui aussi, c’était sa première mission, en tant que membre de l’Ordre du Phénix. Il devait s’assurer que les nouvelles recrues seraient de qualité. Ça paraît tellement… Je ne sais pas. Comme si le Destin avait tout mis en œuvre pour que nous nous rencontrions – et que je le détruise.

Moi, je suis tombée amoureuse au premier sourire. Lorsqu’il m’a faite rire, lorsque j’ai vu son visage s’illuminer et ses lèvres s’étendre, je me suis sentie m’embraser.

Tout de suite, nous nous sommes retrouvés sur un pied d’égalité. Je sentais qu’il y avait dans son âme quelque chose de semblable à la mienne. Nous avions la même façon de penser, la même logique implacable, le même regard sur le monde. Il me faisait rire, il me faisait rêver, et je sentais du feu liquide couler dans mes veines. C’était une force, une force surhumaine qui dépassait mon pauvre entendement, mon entendement de petit être vide, et creux, et sombre.

Son visage ne possédait pas le charme enjôleur que d’autres avaient, mais je pouvais rester des heures à contempler les yeux d’azur qu’il allait te léguer, à toi. Ses traits enfantins m’obsédaient, et dans chacun de ses rires, la joie de vivre de ses vingt ans résonnait comme une promesse à mes oreilles.

Ariane, tu sais, ce qui m’a attirée le plus chez Jonathan, plus que ses yeux, plus que ses mots ou ses sourires, c’était le fait qu’il soit mon exact opposé. Un homme profondément bon. Un homme dans le cœur duquel je ne percevais aucune trace de mal. Au lieu de le mépriser, je l’ai admiré. Les êtres vertueux, comme Jonathan, sont rares, si infiniment rares, que je n’ai pas pu m’empêcher de l’admirer. Ça doit te paraître simple, peut-être, d’être si bon et si grand, mais pour les gens comme moi, ceux qui se sont laissé ronger par le mal, ceux qui ont choisi la facilité, c’est la preuve d’une extraordinaire noblesse.

Ça semble bête, dit comme ça. On dit que ça arrive à tout le monde, l’amour.
Mais ce n’était pas une aventure éphémère, Ariane. C’était de la passion, à sens unique sans doute, douloureuse peut-être, mais de la passion. J’ai toujours appartenu à cet homme. Tout au long de ma vie. Même lorsqu’il m’a détruite, même dans ma chute, dans ma déchéance, dans mon désespoir, je lui ai appartenu. Et maintenant, aux portes de la mort, je lui appartiens toujours.

Sous les traits de cette femme, je me découvrais une personnalité nouvelle. J’étais autre, une autre femme, si différente de celle que vous avez connue… Je… je riais… je… pensais différemment, je crois, même.

J’oubliais ma mission, il s’éloignait de la sienne. Il était léger et insouciant, et je crois bien que j’agissais de la sorte aussi. Il y eu un premier rendez-vous. Puis un deuxième, dans un parc – c’est là qu’il m’a dit qu’il appellerait sa fille Ariane. Le jour où il m’a avoué ses sentiments, j’ai cru aux miracles.

Jonathan, lui, a aimé une illusion, un mirage. Il a aimé le corps de cette femme, le visage de cette femme ; il a aimé celle que je découvrais en moi et qui n’est plus jamais réapparue – celle que je m’efforçais d’être, aussi ; il ne m’a pas aimée moi. Il ne me connaissait pas moi.

Tu sais, Ariane, je l’ai toujours admiré, ton père. Il avait ce quelque chose, cette force, qui me rendait impuissante, admirative, esclave – moi. Moi, la Mangemort terrible et dure, je m’adoucissais au son de sa voix. C’est cela, alors, l’amour ? Je crois bien. Je ne sais pas. Cette chose, ce sentiment, cet homme-là ont fait de moi quelqu’un d’autre. Il y a eu Yolanda Yeabow et Kim Field. A partir de ce jour où nos destins se sont liés définitivement, lorsque nos mains se sont entrecroisées et que nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre pour la première fois, alors mon âme fut scindée pour de bon, et la cassure de mon esprit fut irrémédiable.

Je suis restée très peu de temps avec Jonathan, moins d’un an. Puis je suis rentrée les mains vides auprès des Mangemorts, dépourvue de la moindre information, sans avoir pu jouer mon rôle. L’Ordre du Phénix ne m’avait pas acceptée dans ses rangs, et j’avais quitté Jonathan trop tôt. C’était ma première mission, et je ne l’avais pas menée à bien. Pourtant, si tu regardes mon parcours, j’ai réussi à m’élever très haut dans la hiérarchie Mangemort ; cette première mission a été la seule que je n’accomplis pas à bien – ma première erreur, ma seule erreur, fut de connaître et de succomber à l’amour, à cet homme.

C’est de cela que tu es née, Ariane. Un mensonge. Une femme instable, qui n’a jamais su elle-même qui elle était vraiment. Une femme qui a menti, une femme qui a joué de l’amour et de la naïveté de ton père. Une femme qui ne sait pas se maîtriser, qui tombe aux genoux de l’ennemi. C’est de cela que tu es née, Ariane. Un homme qui n’a pas su faire les bons choix, un aveugle, et une femme parjure.
Un mensonge.


D’après ce que j’ai étudié, ce que j’ai observé et moi-même constaté au cours de ma vie, un être humain ne peut pas être foncièrement mauvais – ni foncièrement bon, d’ailleurs. Même une âme infestée par le mal est obligée de se raccrocher à des passions pour continuer à vivre. Tu as été ma Passion.

J’étais toujours amoureuse de Jonathan, mais je suis partie. J’avais perpétuellement peur qu’il ne découvre mon mensonge, que les Mangemorts me rappellent à l’ordre et me punissent, et surtout, surtout je craignais de m’attacher à lui au point de ne plus pouvoir le quitter. La vie avec lui était devenue une succession d’appréhensions. Continuellement, j’avais l’impression de forger l’arme qui me détruirait, l’impression de creuser ma propre tombe. Toujours amoureuse, toujours passionnée, toujours folle et le cœur débordant de tous ces sentiments nouveaux, je suis partie.

Je me souviendrai toute ma vie de la folie qui s’empara de mon cœur lorsque je découvris que j’étais enceinte. J’étais très jeune, Ariane, j’avais un peu plus de vingt ans, à peine. Vingt ans, et déjà mère… ? Vingt ans, réduite à porter l’enfant de l’ennemi, l’enfant de la trahison et du mensonge ? Vingt ans, et limitée à cela… ?
C’était contraire à toutes mes ambitions, mes projets de petite fille. Contraire à mes principes, aussi, et certainement très mal vu au regard de la société à laquelle je tenais à plaire. Alors, je n’ai pas hésité une seconde, Ariane ; je t’ai gardée.

Tu sais, ils ne m’ont pas aimée, enfant, ils m’ont seulement appris l’indifférence. Je crois que c’est pour cela que, chaque fois qu’une occasion s’est présentée à moi, j’ai aimé avec trop d’ardeur, trop de passion, frôlant la fureur, me plongeant entièrement dans la folie. Jonathan, je me suis raccrochée à lui comme si ma vie dépendait de son sourire. Dépendante. Je suis devenue dépendante en me retrouvant confrontée à mon premier amour, parce que je n’avais jamais connu cela dans ma vie auparavant, et que ce fut un choc trop grand ; je crois que c’est pour cela que je n’ai été capable d’aimer qu’un seul homme au cours de mon existence, et que j’ai voulu que tu m’appartiennes avec autant de fureur.

Alors, je n’ai pas hésité une seconde, Ariane ; je t’ai gardée. Cette chose, ce petit bout d’enfant qui me restait de Jonathan, le peu de souvenir que j’allais conserver de lui, et de son amour pour l’autre femme, l’autre différente de Yolanda Yeabow, j’allais le garder.
J’allais avoir cet enfant, et il allait être heureux. L’instinct de mère s’était saisi de moi avant même que mon enfant ne naisse, comme l’objectif seul de mon existence. L’enfant de Jonathan… ! Jonathan et moi, en un seul ! Bien sûr qu’il allait être heureux. Il le méritait.
J’allais être heureuse, aussi.

Tu es née un matin de janvier, au Manoir. Ariane Yeabow-Crewe. Tu sais Ariane, c’est très faible, les mots, quand on aime. Cette chose, cette étincelle, cette folie-là, il faut avoir été mère pour la comprendre. Il faut avoir donné la vie pour savoir. C’est plus fort que toi, plus fort que toutes les forces de la nature déchaînées, plus fort que le destin et la fatalité, et plus terrible que l’intelligence humaine, que le mal et le bien décuplés ; et c’est un instinct tellement fort, devant lequel tu es tellement impuissante, qu’il en est presque bestial. C’est être seul, et devenir deux ; c’est le poids le plus immense qui pèse sur tes épaules, et le flamboiement le plus intense qui gagne ton cœur… C’est être mère, oh ! être mère, et rien au monde, jamais, jamais, rien au monde ne remplacera ce bonheur-là.

Donner la vie, oh ! Donner la vie ! Donner cette vie-là, la vie de l’enfant de Jonathan et du mien… Je n’y ai pas cru, Ariane, je n’y ai pas cru. Moi, moi… Moi j’avais eu ce bonheur, Ariane. J’avais eu droit à ce bonheur, après toutes les atrocités que j’avais commises, après le mensonge et la trahison ; j’étais mère. Et cet enfant était à moi, ce droit d’aimer et d’être aimée m’appartenait, à moi, seulement à moi.

J’ai eu le droit de vivre deux ans, heureuse, avec toi. Blonde comme les blés, belle comme ton père. Je te voyais grandir chaque jour un peu plus, et je m’occupais de toi avec le plus grand soin, comme je crois… Un peu comme une divinité qu’on adorait… Je ne laissais personne d’autre t’approcher. Moi, Yolanda Yeabow, moi la Mangemorte, j’étais esclave de ce petit être chétif et tendre qui gazouillait dans un langage qu’on ne comprenait pas. Il fallait que tout soit précis, que tout soit parfait, que je sois à la hauteur. Jonathan et moi, dans cet enfant. Toi.

Oh, nous allions être heureuses ! Déjà, je t’imaginais dire ton premier mot, lire ta première phrase, fêter ton onzième anniversaire, et entrer à Poudlard… Ma fille… Une future grande sorcière.
Pour la première fois de ma vie, j’aimais en étant, je crois, aimée en retour – car je n’avais que toi, et tu n’avais que moi.

Je ne t’ai pas abandonnée, Ariane. Jamais. Je n’ai pas voulu notre séparation, quoi que tu ait pu en croire. Ne me juge pas trop vite, trop sévèrement.

Tu ne dois pas te souvenir de cette nuit-là, où tu avais deux ans, et où tu as crié. Je me souviens, moi avoir humé pour la première fois les effluves du danger dans l’air, et l’angoisse s’est saisie de moi. Alors, je t’ai pris dans mes bras, et j’ai tenté de te calmer. Et comment aurais-je pu deviner, Ariane, que c’était la dernière fois que je te tenais dans mes bras ? Que jamais plus, jamais plus je ne pourrais sentir ton petit corps chaud contre le mien, chair de ma chair, sang de mon sang ?

Ce fut alors qu’ils jaillirent, Ariane. Ils étaient trois, trois silhouettes jaillies des ténèbres, toutes encore masquées par l’obscurité. Et des rayons de lumières fusèrent, les rayons criards de la souffrance. Ils avaient tout joué sur ma surprise, je crois ; et la stupéfaction m’avait paralysée, en effet. Je ne savais pas qui étaient ces gens, je ne savais pas ce qu’ils me voulaient, je ne savais pas pourquoi ils s’en prenaient à moi. Mais ils voulaient se battre, et je me devais de parer chacun de leurs sorts, si je voulais te protéger. Je te jure, je te jure Ariane que j’ai voulu te défendre jusqu’à mon dernier souffle, jusqu’à la fin, que j’aurais donné ma vie et vendue mon âme pour cela, mais – c’est affreux à dire, c’est abominable à avouer – j’ai failli à mon but pour la deuxième fois de ma vie.
Un jet bleu m’atteint. Un éclair verdâtre fondit sur toi.
L’azur d’un regard brilla.
Et ce furent les ténèbres.

Les ténèbres.

Tu avais disparu. Je t’ai cru morte.
A partir du matin qui a succédé à l’attaque au Manoir, j’ai cessé d’être moi-même. Je suis devenue un fantôme, une ombre. Je suis devenue quelque chose d’atroce, je me suis drapée dans ma solitude et dans ma haine, et, faute d’avoir perdu le goût de vivre, j’ai retrouvé le besoin de faire mal.

Crois-moi Ariane, c’est la pire des souffrances de savoir son enfant disparu, éteint… de savoir son enfant un cadavre, une petite chose qui ne respire plus, qui ne rit plus, qui ne vit plus… Alors que toi… toi tu continues à respirer, à dormir, à manger, à marcher, tu continues à exister comme… comme si de rien n’était… Et même, même si c’est une douleur… oh, c’est terrible… C’est terrible…

J’étais seule, seule pour de bon. Je n’étais pas parvenue à garder l’enfant de Jonathan, fruit de l’amour unique que j’avais connu ; j’avais laissé mourir cette petite fille innocente, le souvenir de l’homme que j’aimais, chair de ma chair qui n’avait rien demandé.

J’aurais pu choisir de me donner la mort, parce que la vie m’était devenue insupportable ; j’aurais pu choisir la voie passive, et me transformer silencieusement en épave ; j’aurais pu décider également de faire mon deuil un temps donné, et de me tourner ensuite vers autre chose, vers le bien, et faire de ma vie une suite de bonnes actions, pour me racheter. Tout cela, j’aurais pu le faire. Beaucoup de gens connaissent de grandes souffrances et les surmontes. Ces choix-là, je les connaissais et j’aurais pu les faire, seulement je ne voulais pas surmonter ça, je ne voulais pas me tourner vers autre chose, et il n’était pas dans ma nature de m’abandonner à l’apathie.

Parce que je ne pouvais plus être force, je suis devenue faible ; parce qu’on m’avait pris la vie de ma fille, j’en ai prises d’autres ; parce que je ne croyais plus en le bien ni en le bonheur sous aucunes de leurs formes, je me suis tournée vers la facilité. Je me suis abandonnée toute entière aux bassesses de ce monde, aux vices et aux crimes ; j’ai servi le Seigneur des Ténèbres avec toute la passion dont j’étais encore un peu capable, et je me suis perdue.

Neuf ans. Ce sont ces neuf ans-là qui m’ont modelée, ces années-là qui m’ont transformée pour de bon. J’ai appris à jouir de la souffrance comme jamais, à me délecter du mal que je donnais des autres. En partageant un peu de ma souffrance, j’avais l’impression que le poids sur mes épaules et dans mon cœur était moins lourd. Je m’enivrais, j’étais reine, j’étais misérablement toute-puissante.

Aux yeux du monde, ma sauvagerie et mon mal étaient caché par un sourire poli et un masque de froideur ; ma mascarade allait durer neuf ans.



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Dernière édition par Yolanda Yeabow le Dim Juil 08 2012, 19:52, édité 6 fois
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Invité
(#) ♣ Re: Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée]

par la plume de Invité ϟ Posté Ven Juil 06 2012, 19:09






"My Past" - Histoire


« Ariane Crewe »
C’était la liste des nouveaux élèves de première année. C’était écrit noir sur blanc.

Voilà, Ariane. Je n’ai jamais voulu te priver de mère, moi. Je sais que ton père a essayé de te faire ressentir cette absence, ce manque de mère le moins possible ; je sais que tu m’as haïe dès le premier regard, moi la Mangemort, moi le professeur qu’on évitait ; je sais que je n’aurais pas dû, pour ton bien, pour celui de ton père, pour le mien aussi, peut-être, agir comme je l’ai fait. Je l’ai fait. Je ne regrette pas.

Ariane, je ne sais pas si tu peux imaginer mon sentiment, à ce moment-là. Ce sont neuf ans qui sont passé, et qui ne sont plus rien. Se savoir en vie alors que son enfant est mort, c’est l’impression d’exister alors qu’il ne faudrait pas, c’est se sentir criminel à chacun de ses gestes et à chacun de ses souffles – chacun de ses plaisirs, aussi, chacun de ses sourires, aussi. C’est la plus désespérante des souffrances.
Et cela, je l’avais enduré pour rien.

Crewe. Ariane Crewe. Ariane. Tu étais vivante, vraiment vivante ! Tu avais grandi, tout ce temps ! Tu avais vécu, tu avais ri, tu avais connu le soleil sur ta peau, tous ces étés, tu les avais fêtés en même temps que moi, tous ces anniversaires, et je n’avais pas été une criminelle ! Ariane, Ariane…

Je ne sais pas ce qui s’est passé à ce moment-là, ce moment où j’étais dans mes appartements, que je regardais la liste pour mon premier jour de l’année à Poudlard. Mon cœur s’est mis à battre comme jamais il n’avait battu, et j’ai senti une grande torpeur s’emparer de mes membres, une grande chaleur asphyxier mon coeur, et un amour intense me gagner de nouveau, comme au premier jour…

Pendant neuf ans, j’ai écarté l’idée qu’il pouvait s’agir de ton père, d’un enlèvement de ton père. Je t’ai dit que Jonathan était un homme bon, profondément bon, et c’est en cela, principalement, que je l’ai admiré toute ma vie. J’étais déjà assez culpabilisée de ne pas avoir su garder cet enfant, fruit de notre amour si éphémère, pour penser à Jonathan.
Mais c’était lui ! Lui à qui je m’étais offerte, lui à qui j’avais abandonné toute ma confiance et tout mon amour, comme une esclave, lui qui signifiait tant à mes yeux, lui le père de ma fille, mon Jonathan… C’était cela qu’il avait fait ? C’était cela, vraiment ? Me rechercher, me trouver, et détruire mon existence ?

Une heure s’est écoulée. Une heure m’a séparée de l’instant où j’ai su que tu étais vivante, et de l’instant où j’ai pu enfin poser mes yeux sur toi, après toutes ces années. L’heure la plus longue qu’il m’ait été donné de vivre.
Tu pourras me juger, Ariane, quand tu connaitras toute l’histoire.

Je t’ai reconnue au premier regard ; ces choses-là ne trompent pas une mère. Tu m’avais été arrachée toute enfant, mais tu avais gardé les mêmes traits, les mêmes yeux, le même sourire et cette pareille expression de terreur qui te paralysait chacun des muscles du visage ; ces choses-là ne trompent pas une mère. Et moi j’étais là, je connaissais chacun de tes gestes et chacun de tes mouvements, j’étais déjà prosternée, à genoux et en adoration ; et je restais une étrangère. Sur ton visage, on lisait la même expression que sur le visage des autres : la peur. Et cette peur allait faire partie de toi, bientôt, de ta personnalité, de ton quotidien, de ton monde ; et bientôt, je ne devais lire que la peur dans les beaux yeux d’azur que ton père t’a légués. La peur. Encore, et encore, et encore. La peur.

Je ne vais plus m’étendre. Je vais mourir, tu sais, il ne me reste plus beaucoup de temps. Il y a tant de choses que j’aimerais te dire ; les mots coulent tous seuls, et pas toujours les bons, presque jamais les mots justes.

Il fallait que je te possède, Ariane, que je te prenne, de nouveau. Tu m’appartenais, tu comprends, tu m’avais toujours appartenu, et je ne supportais pas de te savoir aux mains de cet homme, ton père. Jonathan.

Alors, bien sûr, je n’aurais pas dû. Je n’aurais pas dû retrouver trace de ton père, demander aux Mangemorts de l’arrêter et de l’emprisonner ; je n’aurais pas dû faire croire sa mort partout, te faire croire sa mort à toi ; je n’aurais pas dû t’arracher, bien sûr, à cet homme qui était tout pour toi, à la jolie maison où tu avais grandi et au monde de ton enfance. C’est moi qui t’ais arraché ton enfance, Ariane.
Si j’étais une femme de bien, une mère comme il l’avait fallu – comme vous l’avez voulue – je serais restée dans l’ombre, à te regarder et à te parler comme à une étrangère… ! Et je vous aurais laissés en paix, je vous aurais laissés heureux…
Je n’ai pas pu. Tu m’as dit un jour que je ne savais pas aimer. Que je voulais, comme une petite fille capricieuse, mais que je n’aimais pas. C’est à cause de cela ? C’est parce que je t’ai prise à ton père de la sorte, que je me suis imposée à toi si violemment comme étant ta mère, que je t’ai gardée et menti pendant deux ans ? Tu as le droit de m’en vouloir. Mais sache que je ne regrette rien. Il y a une force qui m’a toujours habitée et contre laquelle je ne peux pas lutter. Tu as le droit de penser que je suis faible. Peut-être que toi, quand tu seras mère, tu sauras te battre et rester maîtresse de toi-même, tu sauras rester calme, et droite, et lucide. Je pense.

Je t’admire, ma fille, tu sais. Je t’admire d’être de ces gens, comme ton père, qui savent être modestes, se contenter de ce qu’ils ont, rester calme et à leur place, et agir intelligemment. Je sais aussi que tu ne l’es pas toujours, que tu es parfois moi, que tu as des crises de colère dans lesquelles je me retrouve moi-même. Je sais que parfois, dans ta voix, on reconnaît parfois un peu de ma voix, que mes mots, ce sont parfois tes mots. Chasse-moi de ton esprit, Ariane, chasse-moi de ton cœur. Tu as le droit de ne pas m’aimer, mais ne te raccroche pas à ta haine. Je t’écris ces mots pour que tu saches, seulement, pour que tu puisses me juger. C’est très important, de savoir, je pense. Et tu partages cette idée, n’est-ce pas ? Tu as été conçue dans le mensonge, tu es née dans le secret, et tu as vécu toute ton enfance baignée toute entière dans ce même mensonge – mon mensonge. Alors, je crois qu’il est important pour toi de savoir, même si rien, pas même la vérité, n’effacera jamais ce que j’ai fait.

Je t’ai détruite, ensuite, ma fille. La suite, tu la connais mieux que moi-même, et je ne tiens pas à te rappeler ces deux années où tu as vécu dans le froid de la solitude du Manoir Yeabow. Il ne me reste plus beaucoup de temps, Ariane. Je ne regrette pas parce que j’ai été heureuse, ces années-là, de te sentir près de moi, respirer près de moi, vivre près de moi, d’avoir volé ton adolescence après avoir détruit ton enfance. C’est terrible, pour une mère, de se réjouir alors que son enfant est malheureux. J’aurais pu être meilleure, j’aurais pu prendre les bonnes décisions, j’aurais pu m’imposer à toi avec plus de douceur. Je n’étais pas obligée de t’arracher à ton père et de te faire croire sa mort, de te faire mal en essayant de le supprimer de ta mémoire…

Nous avons été risibles, Jonathan et moi. Tu aurais ri de nous, aujourd’hui, de notre bêtise et de notre amour, si nos actes n’avaient pas eu de conséquences directes sur toi, n’est-ce pas. Oui, Ariane. Tout ça pour ça. Nous n’avons pas su comment faire. Nous nous sommes aimés comme des idiots, en cachette. Oui Ariane, c’est cela tes parents. Tu vois, là je ne sais pas, là je ne sais plus. Je me sens comme au fond d’un gouffre, et le poids de mes fautes pèse trop lourd sur mes épaules – des fautes que je ne comprends pas, que je ne regrette pas.

Se réjouir du malheur de sa fille.
Alors qu'on l'aime. Qu'on ne demande qu'à mettre le monde entier à ses pieds, qu'à être son esclave.
Quand on l'adore, quand on la place au-dessus de tous et de tout, et qu'on sacrifierait jusque son propre orgueil, son propre honneur pour la rendre un peu satisfaite, un peu heureuse peut-être...
Se réjouir de son malheur.

Je pensais que très vite, tu serais à moi ; je croyais pouvoir te modeler à ma volonté. Rien n'en fut. Tu t'obstinais à rester de marbre, la parfaite copie de ton père. Et je t'aimais, t'aimais à en mourir. Mais j'étais égoïste. Ces années d'absence, les années où Jonathan t'avais arrachée à moi m'avaient rendues furieuse et obstinée. Je ne pouvais pas me séparer de toi, je ne pouvais pas te laisser me haïr loin de moi, avec lui, je ne pouvais pas... Cette pensée m'arrachait des larmes de rage, de folie ; cette pensée me torturait, le soir, longtemps ; cette pensée me modelait pour me rendre monstrueuse et impitoyable - avec ma propre fille.

Alors oui, je t'ai fait croire sa mort, et je l'ai enlevé, je l'ai enlevé loin.
La première fois que je suis allée voir Jonathan en cachette, c’était la première fois aussi où il me voyait sous ma véritable forme. Je me sentais comme une voleuse, je ne savais pas très bien ce que je faisais là. J’étais amoureuse, aussi, et cela je devais le cacher. Alors comme j’ai su mentir tout au long de ma vie, je me suis menti à moi-même.

Je me souviens du dilemme qui m'a tiraillée pendant un an entier, scindant mon esprit en deux. Je le voyais là, triste, seul et désespéré, et je savais qu'il méritait cette souffrance, mais qu'elle ne ferait qu'exciter sa haine envers moi. Je savais aussi que tu n'allais pas rester éternellement près de moi, qu'il était dangereux de te garder au Manoir contre ta volonté, et je vous aimais tous les deux profondément.

Je suis venu le voir, je t’ai dit qu'il était libre et je l'ai emmené te voir. Quelque chose de déchirant me tiraillait le fond des entrailles, et des pensées sombres et étranges me mordaient violemment le cerveau. Tu allais rentrer chez lui, tu allais être à lui de nouveau, et je demeurais droite et immobile, placide et muette, comme si cela ne m’affectais guère. Après avoir été égoïste, j’essayais d’être courageuse. Pendant que tu préparais tes affaires, nous nous sommes éloignés. Une nouvelle fois, je me suis sentie attirée par lui, par ses grands yeux d’azur et tes grands traits d’enfants, alors je me suis laissé porter, et tu m’as permis de faire. Une barrière d’interdictions se dressait face à nous pourtant : la barrière de notre différence de camps, de nos idéaux et de nos utopies opposées, et celle du mal mutuel que nous nous étions fait et qui nous empêchait de revenir l’un vers l’autre. Pourtant…

La première fois que je suis allée voir Jonathan en cachette, c’était la première fois aussi où il me voyait sous ma véritable forme. Je me sentais comme une voleuse, je ne savais pas très bien ce que je faisais là. J’étais amoureuse, aussi, et cela je devais le cacher. Alors comme j’ai su mentir tout au long de ma vie, je me suis menti à moi-même.

C’est, bien sûr, le moment que tu as choisi pour revenir vers John. Je me souviens encore de l'expression figée de ton visage, lorsque tu as vu ses bras refermés sur moi, et ses lèvres contre les miennes. Je crois que ça t'as marqué toujours, qu'elle interprétera toujours ce baiser-là comme une trahison de ta part. Je me souviens qu'elle a hurlé, aussi. Tu avais peur qu’il soit comme moi, contre toi. Et je n'oublierais jamais, jamais, comment nous avons oeuvré pour te consoler ensemble. Ensemble. Malgré tous nos différents, toutes nos luttes et tout le mal mutuel que nous nous étions fait, nous nous retrouvions à oeuvrer, à nous investir tous les deux dans un même but : notre fille.

C'était au mois de juin que ça s'est produit. Tu es retournée en cours, une semaine après, et je t'ai sentie changée. Plus froide, plus distante, à chaque cours d'Histoire de la Magie. Tu ne me considérais non plus comme un obstacle mais comme une ennemie. Et cette idée-là me faisait frémir toute entière. Un soir pourtant, tu es venue me voir, et tu m'as proposé de prendre un thé avec moi. Je te sentais plus courageuse, plus sûre d'elle, mais cela ne me rassurait guère. Une fois dans nos vies respectives, nous nous sommes senties mère et fille, réellement, même si cette entrevue avait un arrière-goût de mascarade.

Puis j’ai écrit à Jonathan ; et nous avons convenu de lui dire toute la vérité. Nous avons convenu un jour, au début des vacances scolaires, où nous retrouver tous les trois dans ton Manoir, pour parler. A l'époque, nous ignorions que rien ne pouvait effacer un mensonge, et, dans sa grande naïveté, ton père pensait que cela t'aiderait de savoir que tu étais née non pas d'un sentiment sincère et pur, mais d'une manipulation, d'une mascarade. Je ne crois pas que ça t’ai jamais aidée. Après nos révélations, tu te souviens, tu t’es enfermée dans la bibliothèque, tu as utilisé le réseau de Cheminette, et tu as disparu. Fugué.

Nous n'avons jamais su ce que tu as fait, durant ces vacances-là. Où tu était allée, et avec qui. Pourtant, ta disparition nous a rendus fous de chagrin tous les deux, et pendant qu’il travaillait au bureau des Aurors, moi, qui n'avait plus cours, je cherchais. Partout. Dans tous les quartiers sorciers possibles et inimaginables d'Angleterre, sans jamais te retrouver. Chaque soir, nous nous retrouvions, et je m'effondrais dans ses bras. Il arrivait ainsi que nous passions plusieurs soirées ainsi, l'un contre l'autre, à essayer de nous consoler mutuellement ; les mots refusaient de sortir de nos bouches, alors nous laissions le silence nous envahir, et nous calmer.

Vers la fin des vacances, je t’ai retrouvée. Avec Linos, au chaudron baveur. J’avais vu quelque chose de nouveau briller dans tes yeux. Je ne t'ai pas punie, je n'ai pas fait preuve d'excès de sévérité. En réalité, j'avais peur, et je me suis contentée de te faire part, implicitement, de ma déception, tout en sachant que j'avais ma part de responsabilités dans ce qui s'était produit.

Et puis... On peut croire que la vie a repris son cours. Nous avons correspondu, Jonathan et moi, très souvent. Et puis un jour, nous nous sommes rencontrés au Ministère. Il m’a emmenée voir la mer, comme au temps d'autrefois. Et nous nous revoyions, de plus en plus souvent, presque plusieurs fois par semaine. Alors que tu ne m'adressais que des regards durs et froids, échos d'une certaine mélancolie, Jonathan, tu me souriais. J'admirais son rire, sa volonté de vivre, et sa bonté, surtout. Nous prétextions devoir parler de notre fille pour nous rencontrer ; nous nous mentions à nous-même.

Mais une relation entre Jonathan et moi serait perçue différemment. Nous n'avions pas à nous aimer. Ce serait le déshonneur total, et la ruine pour chacun d'entre nous ! Le déshonneur... Une peine plus terrible que toutes les autres tortures du monde... De tous les hommes qui existaient, il avait fallu que je m'attache à celui seul auquel je n'avais pas le droit d'approcher...
D'autre part, nous ne nous permirent jamais, ni toi ni moi, de montrer notre attirance pour l'autre. J'avais détruit l'existence de John, il avait détruit la mienne. Cela équivaudrait également à un déshonneur, à un affront personnel, que de manifester de l'attirance envers l'autre.

Alors je ne lui ai jamais dit je t'aime. Malgré tout le feu, toute la passion qui m'asphyxiait, je me suis tue. Je l'ai laissé faire de moi ta maîtresse dans le silence.

Ta troisième année s’est écoulée ainsi. Ton père et moi vivions nos deux vies, en parallèles, et nous nous aimions en cachette, comme des enfants qui faisaient une bêtises. Et je m'abreuvais de son rire, de chacune de tes paroles, et de tes beaux regards !
Oh ! Quelques heures, quelques instants, quelques mois dans ma vie, où on m'avait donné le droit d'être heureuse...

Ariane, maintenant je te revois.
C’est aux alentours de Noël. Tu m’attends dans les cuisines de Poudlard. Nous parlons.
Et puis tout bascule. C’est une gorgée de thé que tu avais empoisonné au préalable. Tu avais orchestré mon assassinat.
Il y avait de l'anthrax dans ma tasse.

Quoi ! j'étais ta mère, et tu voulais me tuer ? Comment ! Je t’aurais fait tant de mal que la seule solution qui s'offrait à toi était de m'ôter la vie ?

C'est à Linos que je dois la vie. C'est lui qui est arrivé dans les cuisines de Poudlard, qui m'a vue ayant perdu connaissance, et qui a signalé à l'infirmerie l'état et la présence du Professeur Yeabow. Pourtant, j'étais ta mère, je ne lui avais jamais voulu aucun bien, au contraire, et je l'avais haï. Peut-être même que je l'aurais tué, si, dans le futur, il s'était montré trop proche de toi. Et pourtant... Je lui devais la vie, maintenant. J'avais une dette qui ne s'effacerait pas. Chaque fois où je respirai, où je souriais, où je vivais vraiment, je pensais à lui. Linos.

Dès mon rétablissement, je courus te voir, au Ministère de la Magie. J'avais besoin de Jonathan, de son réconfort, de ses bras ; j'avais besoin de me sentir contre lui, de voir son visage s'illuminer en me voyant, et ses yeux briller un peu.

Le bureau des Aurors était pratiquement vide. Je me suis avancée encore un peu, et c'est alors que je l'ai vue.

Elle était grande, mince, blonde, et avait un petit quelque chose, un éclat, qui me fit vibrer un instant et me ramena des années en arrière, l'espace d'une seconde, d'une infime seconde.

Terrible secousse qui ébranle mon être. Nouveau choc.

Elle ne me connaissait pas, et pourtant, moi j'avais été elle. J'avais revêtu le masque infaillible de son visage et de son corps, et dans cela, il m'avait semblé revêtir également une autre âme.
Kim Field.

J'étais face à moi-même.

C'est chose étrange de se retrouver face à soi-même. De regarder dans les yeux ce qui a été un jour été nous, notre visage, notre corps.
La femme dont j'avais pris l'apparence, par Polynectar, pour séduire Jonathan.

Je l'ai regardée, étonnée, confuse, terrible, la sentant à la fois comme une grande ennemie et une grande alliée, comme quelqu'un de dangereux et de proche. Je la connaissais comme moi-même, et c'était une étrangère.

Je n'eus pas le temps de me poser plus de questions. Tu avais surgi, sans remarquer ma présence, et tu t'étais adressée directement, familièrement à elle. Elle s'était jetée dans tes bras, et je me suis sentie toute entière me glacer.

De toutes les femmes du mondes, Jonathan n'avait pu choisir que celle qui me ferait le plus de mal, celle que j'avais un jour été. Kimberley Field c'était le miroir de moi-même, le miroir de cette facette enfouie de mon être. Je ne sais pas s’il l’avait compris, mais c’était moi, c’était moi qu’il aimait à travers elle ! 

Et il l’a épousée…
Mon coeur s'est meurtri, et il ne me restait plus rien.

Voilà. Voilà, maintenant, tu la connais, l’histoire. Et je vais disparaître, et il ne restera plus rien – ni de mon histoire, ni de mes souvenirs. Ta tentative d’empoisonnement me laisse seulement profondément choquée. Le souvenir de tes yeux froids m'a hanté dans mes dernières années. Toute ma vie j’ai été assaillie par un dégoût profond de moi-même. Maintenant cela va se terminer. J'ai eu une nature terrible, je n'ai pas su contrôler mes pulsions.

Je veux te dire quelque chose, maintenant, Ariane. Si ces feuillets sont parvenus jusqu'à toi, et que tu es parvenue jusqu'à ces lignes, fais l'effort, je t'en prie, d'en aller jusqu'au bout. J'a fait le mal, Ariane, mais jusqu'à récemment le vice n'atteignait que moi ; seulement, j'ai vu la flamme meurtrière qui m'a longtemps habitée dans ton regard à toi. Cela me fait peur. Ariane, j'ai échoué. Je n'ai su faire que le mal et la douleur, je me suis condamnée moi-même sans cesse. Il n'y a eu que le vice qui a été capable de me rendre heureuse. Je n'ai été bonne qu'à cela. Mais toi, toi Ariane, tu es encore jeune, tu es la fille de Jonathan, tu peux encore être heureuse ! Ne pense plus à la solution de la facilité. Ne la saisis pas quand elle sera en face de toi. Ne fais pas de mal, Ariane ; sois heureuse.

Je ne veux pas chercher d'excuse ; je ne veux pas me repentir. Au moins il y aura une chose merveilleuse que j'aurais faite, un but formidable dans mon existence : toi. C'est peut-être banal, c'est peut-être à la portée de tout le monde de donner la vie, mais c'est toi, et c'est merveilleux, et je t'ai aimée, Ariane. Passionnément. Servilement. Je n'avais pas l'habitude d'aimer ; je n'ai peut-être pas su comment m'y prendre. Mais je t'ai aimée, et ce fut le centre de toute ma vie et de tous mes espoirs, la seule chose un peu saine, un peu bonne qui put m'animer.

Ariane, je sais que tu vas être méprisante, que tu auras honte de tenir ce dernier bout de moi entre tes doigts, que tu ne vas pas prendre mes propos au sérieux. Non, j'ai renoncé à mentir jusqu'à mon dernier souffle ; ceci est la vérité. Mais tu verras, Ariane, tu seras mère et tu comprendras comment la maternité et l'amour peuvent modeler une personne, comme les épreuves t'ont formée et rendue amère. J'aurais aimé pouvoir t'élever, ne pas mentir, et alors peut-être que tout aurait été différent...

Je t'aime,
Yolanda Yeabow.




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HIBOUX : 51
AVADAKEDAVERISE[E] LE : 25/06/2012
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(#) ♣ Re: Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée]

par la plume de Choixpeau Magique ϟ Posté Dim Juil 15 2012, 14:55



Votre fiche est désormais validée. Vous avez passé les tests d'AK avec brio et vous venez d'être admise dans le groupe desProfesseurs. Désormais, vous pouvez faire votre demande de RP dans ce forum. Vous pouvez, dès maintenant, venir discuter avec les autres joueurs dans ce forum. Vous pouvez également créer votre journal intime dans ce forum. Vous pouvez demander un parrain dans ce sujet. Vous désirez avoir un rang alors cliquez ici. Venez recenser votre patronus ici, ceci est obligatoire.

BON JEU SUR AK
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(#) ♣ Re: Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée]

par la plume de Contenu sponsorisé ϟ Posté



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Yolanda Yeabow [Sorcière - Inventée]

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