par la plume de Invité ϟ Posté Ven Fév 15 2013, 22:11
Installée dans le salon du Manoir Crewe, une tasse de thé à la main, Yolanda, les yeux fixés sur la cheminée flambante, poussa un soupir. Elle était chez elle.
Chez elle. C’était là qu’elle aurait dû rester, et vivre. Avec son parc bucolique, ses pièces accueillantes et sa bibliothèque à meubler, le Manoir de Jonathan différait en tout point de celui dont elle avait hérité – mais dès les premières visites, elle avait su que cet endroit pourrait être chez elle. Ce n’était pas très grand, le Manoir Crewe, mais c’était doux et confortable, et puis on s’y sentait apaisé. La jeune fille qu’elle avait été à l’époque avait adoré s’y installer, vivre sous le même toit que John, partager sa chambre et considérer sa maison comme la sienne. Elle avait rêvé d’un monde meilleur où elle n’aurait pas été obligée de lui mentir, où elle aurait pu lui dire la vérité sans trembler, peut-être.
Mais ça lui avait pris du temps, pourtant, de retrouver sa place chez elle. Le mariage de Kim, elle l’avait pris comme un obstacle, avait pleuré des nuits entières et écumé de rage et de désespoir ; quelques temps après, Yolanda s’était rendue compte qu’il s’agissait d’un avantage – parce qu’elle était Kim, que Kim était elle.
Il lui restait encore beaucoup de cheveux de Kimberley, du temps où elle avait dû prendre son apparence ; il lui restait du Polynectar. Lorsque l’idée avait germé dans son esprit, l’idée de redevenir de nouveau une jeune femme blonde, l’idée de partager de nouveau la vie de Jonathan – et cette fois d’être sa femme – un bonheur intense avait envahit ses sens. Quoi ! se réveiller et son coucher, jour après jour, près de lui ? Comment ! Partager son toit, le voir à chaque heure, s’inquiéter lorsqu’il avait cinq minutes de retard et s’occuper de lui comme il s’occuperait d’elle ? Très vie, elle avait conçu son plan, cessé de voir Théodore, écrit une lettre à la direction de Poudlard pour les informer de son absence. Une semaine. Peut-être deux. Elle verrait. Bien sûr, Yolanda savait que si son plan réussissait, il ne pourrait pas réussir éternellement – qu’elle devrait, à un moment où à un autre, être courageuse et se détacher de nouveau de Jonathan. Evidemment. Mais pour l’instant… Oh, pour l’instant… Ils s’appartiendraient l’un l’autre. Juste un moment.
Un vieil elfe de maison passa devant elle ; Yolanda tenta un sourire doux, et l’arrêta. « Oui, Madame Crewe ? » Dieu qu’elle adorait cette appellation. Madame Crewe. Qu’il l’appelle encore ainsi… Que tout le monde sache… C’était cela, son nom. C’était cela, qu’elle était. Madame Crewe…
« A quelle heure rentre Jonathan ? », se risqua-t-elle à demander. « Dans une heure, Madame », répondit la créature, surprise, en s’inclinant bien bas. « Merci ». Elle. Remerciant un elfe. Décidemment, ce nouveau rôle allait être plaisant – mais dur à jouer.
Elle devrait s’habituer à vivre comme elle ne vivait pas, à parler comme elle ne parlait pas, à ne plus lire ; surtout, elle devait changer sa façon de penser. Combien de temps resterait-elle ? elle ne savait pas. Elle ne voulait pas savoir. Plus savoir. Plus penser.
Et si Jonathan se doutait de quelque chose ? Elle s’en fichait. Elle le voudrait presque. Qu’il ait des doutes, et qu’il continue de l’aimer, et qu’il ne puisse rien dire. Qu’elle sache qui elle est, et qu’ils puissent s’aimer quand même – ce serait doux ! Puis prendre l’apparence de cette femme, elle l’avait déjà fait tant de fois, n’est-ce pas ? pendant un an, presque deux, et personne n’avait jamais rien remarqué ! Oh, elle allait être si brillante…
Kim était en sécurité. Il n’avait pas à s’inquiéter. Puis la porte s’ouvre. Jonathan entre.
Yolanda se lève. Pour l’accueillir. Elle tremble. Il est là, le visage familier, le visage aimé. Des millions d’images volent dans sa conscience. Elle revoit, à travers ses traits chéris, la tête enfantine de leur fille. Ils ont une fille. Ils se sont aimés. Elle se sent un peu ailleurs, aussi, et tout son être tremble parce que tout est si doux, et si léger, et ça paraît si facile…
« Oh, bonsoir, John ! », l’accueilla-t-elle. Il n'y a au monde que Yolanda Yeabow qui lui donnait ce nom là.
« Comment s’est passé ta journée ? »
Elle sourit. Et s’autorisa timidement de se blottir dans ses bras. Après tout, elle était devenue Madame Crewe. Elle avait ingurgité une dose de Polynectar suffisante.
par la plume de Invité ϟ Posté Dim Fév 17 2013, 18:51
La vieille horloge sonna ses six coups lorsqu'une ombre apparu dans l'allée principale. Une allée que les feuilles des arbres avaient recouvertes après la dernière rafale de vent. L'obscurité était à l'approche, faisant ressortir la lueur qui brillait à travers les fenêtres du manoir. Jonathan profitait des dernier mètre avant d'atteindre le perron pour finir sa cigarette. Kimberley détestait l'odeur du tabac, d'ailleurs elle avait su interdire ce genre d'addiction au sein du manoir, ce qui ne dérangeait pas particulièrement Jonathan, ce dernier ce contentait de fumer au bord d'une fenêtre, ou bien même sur la petite terrasse de derrière, le regard vacant à travers le parc que Kimberley aimait s'occuper. Elle aimait ça, s'occuper de ce bel environnement qui entourait le manoir, sans user de la moindre magie cependant, elle disait qu'elle appréciait 'jardiner à la moldus'. Bien que Jonathan n'ait rien contre ce principe, il trouvait cependant bien plus pratique d'user de la magie pour certaine tâche, mais bon, depuis le temps, il s'était fait à l'idée...et si cela rendait heureuse Kimberley, alors pourquoi pas.
Ce soir, ce n'est pas à travers quelques fleurs que Jonathan retrouva la femme avec laquelle il s'était engagé, mais bien dans le salon, devant un fauteuil de sur lequel elle s'était retirée pour l’accueillir. Jonathan s'approcha de cette femme, un large sourire, content de la retrouver après une journée de travail. Il déposa un baisé sur ses lèvres.
-Ma journée, pas des plus intéressante. Dit-il, accueillant Kimberley dans ses bras. Nouveau parfum ? Glissa t-il. Il te va plutôt bien. A t-il ajouté, avant de se séparer de Kimberley pour aller se servir un verre de Scoth.
La journée, effectivement, n'avait pas été des plus intéressante pour Jonathan à qui l'on avait refilé une simple mission de surveillance dans un quartier de Londres. Il menait cette surveillance en compagnie d'un autre Auror, Charlie Shells, un homme d'une quarantaine d'année avec qui Jonathan ne s'était jamais vraiment entendu. De plus, Jonathan savait parfaitement ce que cette couille molle de Charlie osait dire à son sujet, mais Jonathan n'avait à aucun moment tenté de lui demander la moindre explication, depuis une semaine il se retenait de lui fermer son claper à chaque fois que Charlie prenait la parole. Il faut dire que Charlie Shells n'était pas le premier à cracher sur l'estime de Jonathan, mais ce dernier s'en moquait, d'ailleurs il passait que très peu de temps aux bureaux des Aurors, juste pour consulter le dossier d'une affaire qu'on lui avait restitué ou pour assister à une réunion, ou encore lorsque la hiérarchie le convoquait. Ni plus, ni moins. Pendant une semaine, donc, Jonathan avait du faire équipe avec Charlie Shells, un prestigieux faux-cul, ce dernier lui parlait comme si ils avaient été les meilleurs amis dans un proche passé. Jonathan laissait couler les bonnes paroles et bonnes manières de Charlie, ce gars ne méritait aucune franchise...seulement une bonne droite bien placé. Bien que non intéressante, Jonathan repensa tout de même à cette journée, versant le Scoth dans un verre.
- Je te sers quelque chose ? Demanda t-il à Kim, sachant déjà que cette dernière lui demanderait sûrement un verre de ce vin blanc sucré qu'elle appréciait tant. D'ailleurs, lorsqu'il reposa la bouteille de Scoth, il s'apprêta à prendre la bouteille de vin qui se tenait dans le petit compartiment réfrigérant du mini-bar ...mais Kimberley ne s'était pas encore exprimé. Jonathan arrêta son geste et se tourna vers elle, un léger sourire sur les lèvres. Tout va bien ? Lui demanda t-il, elle lui paraissait un peu perdu, ou bien pensive.
par la plume de Invité ϟ Posté Dim Mai 19 2013, 22:41
« Je t’aime. »
Les mots étaient sortis promptement et on aurait pu croire quelque chose de spontané et d’hésitant tant ils pouvaient paraître mal placés ; mais jamais Yolanda Yeabow n’avait prononcé quelque chose d’aussi attendu, d’aussi calculé, et qui fût aussi sincère et vrai. Aussitôt les mots prononcés, elle sentit une grande chaleur l’envahir et se dissoudre dans tout son corps. Et tant pis si Jonathan ne comprenait pas, tant pis s’il comprenait, tant pis si quiconque découvrait quoi que ce soit, elle se sentait totalement en harmonie avec elle-même et avec ses émotions, malgré tout son passé, malgré tous ses caprices, malgré toute la discorde qui régnait en elle.
« Oh, Jonathan, je t’aime…! Si tu savais ! »
Elle eut un petit rire, un rire comme quand ils étaient jeunes et qu’ils s’aimaient, avant qu’Ariane ne naisse, et glissa sa main dans la sienne, sereine. Tout allait bien. Elle était avec John, et elle l’aimait, et elle était sa femme, sa femme à lui, et elle allait vivre avec lui. Comme c’était drôle… Il avait suffit de quelques verres de Polynectar, et le monde se colorait de nouveau ! Et elle rentrait dans cette vie des gens heureux et se rendait compte que c’était si facile, si facile de ne plus être Yolanda Yeabow, de se débarrasser du manteau lourd de la Mangemort, et de devenir une femme satisfaite !
Elle songea un instant à Théodore. A leurs longues discutions dans leurs beaux salons, à ses cigares et ses tasses de thé, à sa voix malicieuse et à leurs baisers passionnés. Théodore l’avait rendue un peu contente, c’est vrai… C’était un homme merveilleux, un homme qui lui convenait parfaitement, bien sûr… Mais c’était tout. Ce n’était pas John… Jamais… Puis tout ceci lui paraissait tellement loin, tellement loin, maintenant. Elle avait l’impression d’avoir vingt ans à nouveau. Ses yeux s’agrandissaient de bonheur. Ses yeux bleus. Elle était une jeune fille maintenant qui palpait l’amour du bout des doigts sans bien y croire. Son cœur battait.
« Je ne veux rien boire, John… Pas ce soir… Repose donc ton verre… », murmura-t-elle en souriant, puis elle lui retira doucement l’alcool des mains.
Puis elle oublia Théodore, elle oublia Ariane, elle oublia Yolanda Yeabow et elle se laissa couler contre lui, blottie. Bientôt elle enfouissait sa tête dans son cou et caressait étourdiment son visage. Bien sûr, il s’était rendu compte de son parfum différent, et bientôt son caractère inhabituel et les « John » dont elle l’apostrophait – dont seule Yolanda Yeabow l’apostrophait – l’aideraient à tout comprendre, mais pour l’instant tout cela lui était bien égal… Si égal…
Elle resta ainsi près de lui un long moment avant de se décider à pousser les choses en déposant ses lèvres sur les siennes.
par la plume de Invité ϟ Posté Mer Mai 29 2013, 21:47
Quel merveilleux démon venait de se glisser dans la peau de Mrs. Crewe ? Kimberley n'avait jamais fait preuve de cette spontanéité dans ses sentiments, une femme sentimentalement pudique qui soudainement se révélait tout autre. A n'en pas déplaire Jonathan qui accueillit son corps contre le sien. Ses mains préférant parcourir les silhouette d'une femme, plutôt que les courbure d'un verre d'alcool. Néanmoins, Jonathan cogitait.
Il ne pu s'empêcher de repenser à cette conversation qui avait eu lieu quelques jours plus tôt. Cette conversation que Jonathan aurait préféré évité, mais il n'y était pas parvenu. « Une fille, ou bien un garçon... » Lui avait-elle glissé au détour d'un petit-déjeuner. Kimberley se rêvait mère. Elle aurait déjà aimé l'être. Elle lui en avait parlé, ne cessant d'y peindre un magnifique tableau d'une formidable famille que cela pourrait constituer. Jonathan, lui, s'était contenté de rendre ça vision un peu plus brumeuse, soulignant quelques imperfections. Décidément, ce matin-là, Jonathan et Kimberley n'avait aucune envie de se comprendre l'un à l'autre.
Jonathan cogitait, mais bien vite, il revenu au moment présent, laissant son verre lui glisser des mains. Elle ne voulait pas boire, pas ce soir. Alors que restait-il ? Et bien, le meilleur certainement. Une délicieuse friandise dont le goût n'était pas sans rappeler une autre. Quel genre d'homme pouvait penser à une autre dans ces moments-là ? Jonathan avait beau refouler toute pensé infidèle, rien n'y faisait. Cela semblait bien trop puissant et s'était étonnant : Elle lui ressemblait.
Une main arborant sa joue, Jonathan observait son regard. Ces yeux qu'elle seul avait le dont de posséder, et pourtant. Son autre main, placé en bas de son dos pour y ressentir une courbure si délicate dont elle seul avait hérité, et pourtant. Bientôt, il goûta à ses lèvres, déposant un baisé comme il en avait l'art et la manière. Il ressentit ces lèvres, dont-elle seul possédait...et pourtant. Quelque chose de différent.
Il la regarda tendrement, une lueur de curiosité dans son regard cependant. Une curiosité renforcé par l'écho d'un seul et unique mot. Une seule interpellation bien précise qui était certainement l'une de ces choses qui n'appartenait pas à Kimberley. Jonathan se disait fou. Bien trop fou pour s'imaginer une scène. C'était ridicule...mais pourtant.
Finalement, ce n'était peut-être pas un démon. Finalement, ce n'était peut-être qu'elle. Finalement, ce n'était peut-être qu'une illusion. Finalement, Jonathan n'en savait rien. Il tombait-là, sous l'impact de deux charmes. Deux charmes de deux femmes. L'une extérieur, l'autre intérieur.
C'était étrange, mais plaisant. Étrangement plaisant. Quoi qu'il en soit, Jonathan l'avait emporté avec lui. Elle. Celle qu'il ne reconnaissait pas, sans pour autant ne pas la connaître. Bercé entre deux opposés, il l'accompagna jusque sur le divan. Ses lèvres, il voulait encore y goûter.