Merlin, heureusement que je ne le connaissais pas à l’époque. Je ne veux pas que l’on me voit faire du skate. J’en ai fait beaucoup des conneries quand j’étais petit. Enfin non. Ma sœur a fait beaucoup de conneries et elle m’embarquait régulièrement avec elle. Je n’ai jamais pu résister à ma sœur. Ça semblait tellement cool ce qu’elle faisait. Sauf quand on se faisait punir mais bon… j’ai souri. « Je doute savoir encore en faire » ai-je lancé avant d’éclater de rire sur la description des nains de jardin de Kyles. C’est vrai qu’il ne connait pas ça. Il n’y a que les modus pour connaitre ces nains de jardin. Mais sa description était tellement étrange que mon fou-rire à eu du mal à s’arrêter. Ce n’est pas beau de se moquer de ses amis mais c’était tellement inattendu. Quand je vais dire ça à ma frangine, ça va bien la faire rire, elle aussi.

« Ce… ce n’est pas un être vivant » ai-je réussi à articuler. J’ai bu une gorgée de mon verre, je me suis étrangler à force de rire. « C’est… » Tousser, rire et parler en même temps c’est très difficile. Respire Matt, respire. « C’est une statue » Pour parler bref. Pour la voisine, c’est plus qu’une statue. Pour ma sœur et moi, c’est un truc moche qui ne sert à rien mais pour ceux qui aiment les nains de jardin, c’est plus qu’une statue, c’est une institution. Il parait même qu’il y a un concours d’un plus beau nain de jardin. J’ai réussi à me calmer. Les larmes ont fini par s’arrêter. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pleuré de rire. « Les nains de jardin sont des objets moldus qui décorent le jardin. En général, ils ont l’apparence des nains de Blanche-Neige » Même un sang-pur doit connaitre Blanche-Neige. Il faut savoir que les contes moldus ont tous une base sorcière. Ce sont des sorciers qui ont écrit les histoires, basées sur des histoires sorcières. Bien sûr, adaptées aux moldus. L’histoire de Blanche-Neige et les sept nains provient de l’histoire de Neige Blanche et ses sept gnomes. Je ne me souviens plus très bien de la vraie histoire mais au final, ce n’est pas très important. « Tu connais le conte de Blanche-Neige ? Il y a sept nains. Grincheux, Prof, Simplet, et je ne sais plus quel nom. Bref, les nains de jardin sont souvent habillés comme les nains de Blanche-Neige Enfin bref, les nains de jardin décorent le jardin des moldus. Et c’est vraiment très laid. Ça ne sert à rien, ça prend de la place, mais les moldus les vénèrent et je n’ai jamais bien compris pourquoi. » J’ai fini mon verre. « Tu comptes revoir Alix ? »

Question qui tue, qui fâche ? Peu importe. Ça m’évite de penser à Théo, et à parler de moi. Ceci dit, je serais lui, je couperais tous liens avec Alix Potter. Etant la fille de James Potter, Kyles risque sa vie à chaque instant. Je l’ai entendu parler une fois lors d’une réunion. Il parlait avec Frank Londubat. Et autant dire que le jour où Alix ramène un garçon dans leur manoir, ce dernier a intérêt à être préparer. Je crois même que je l’ai entendu prononcer les mots « sortilèges » et « jamais tant que je serais vivant ma fille sortira avec un garçon ». Kyles oublie là vite, ça vaut mieux pour ta peau.

Pourquoi faut-il donc qu’il me demande mon avis ? Moi, le plus asocial de tous les sorciers de Londres. Et je ne parle même pas des relations amoureuses. Les miennes n’ont été que échecs, ou d’un soir. Dorian… on est parti sur des bases, tout sauf saines. Théodorian… ça s’est fini en eau de boudin… alors… les conseils et moi, ça fait plus que dix milles. Même si je l’admets, ma relation avec le joueur de Quidditch était plutôt agréable. Je ne dirais pas saine. Elle ne l’était pas. On était pas vraiment sur la même longueur d’onde mais Do’ avait tout de même réussi à me rendre moins asocial. Mais on s’engueulait souvent, c’était un fait.

Avec Théo, c’était différent. Il avait toujours l’impression d’être en compétition avec Dorian alors que c’était loin d’être le cas. J’ai toujours aimé Dorian et je l’aimerais toujours. Il a été mon premier Amour, ça je ne peux pas l’oublier et je sais parfaitement que s’il n’avait pas été assassiné, on serait encore ensemble. Mais avec Théo… c’était l’amour de ma vie. Je le sais. Et pour rien au monde, je ne veux être avec quelqu’un d’autre. Théo, il a réussi à me guérir. A faire mon deuil. Et le voilà qui se tire parce que je fais parti de l’Ordre du Phénix. C’est injuste. Son frère c’est un salopard, lui qui a quand même failli me tuer, lui qui a tué, et c’est vers lui qu’il s’en retourne, et c’est moi qui n’ai pas le droit de l’approcher. C’est à moi de m’excuser de faire parti des gens biens.

C’est tellement comique que l’on me demande des conseils amoureux. J’ai bu une gorgée de mon verre. « Je ne sais pas si je suis le mieux placé pour te répondre » ai-je commencé avant de boire une nouvelle fois. « Théo pourrait te répondre, lui. Lui qui a été en compétition avec Dorian » Virtuelle, la compétition mais dans sa tête c’était très réelle. « Honnêtement, connaissant la famille Potter, fuis. Le père, la mère, la fille. Ils sont tous cinglés dans cette baraque. Il n’y en a aucun pour rattraper l’autre. Lily, peut-être, et encore. C’est la plus raisonnée de tous mais elle à ce côté furie qui fait un peu flipper. James. Lui… comment dire. Il est juste… je ne sais pas en fait. Autant, il peut être doux comme un agneau et très serviable – surtout quand il est avec sa femme et ses gosses, autant il peut être un vrai dingue quand on touche à sa fille. Imagine les deux combinés, ça fait une gamine totalement givrée. Sauve-toi tant qu’il est encore tant. » Je n’ai jamais dit que j’étais bon en conseil. « Sans déconner Kyles. Je suis sincèrement désolé pour toi, vraiment. J’aurais vraiment aimé qu’elle te choisisse toi, sincèrement mais elle était déjà folle d’Erwan dès sa première année à Poudlard. Et, je sais par expérience que personne ne peut s’immiscer entre une Potter et sa proie, même pas toi. » Et pourtant, ça m’aurait fait plaisir. « Tu es quelqu’un de profondément gentil et je sais que tu veux qu’elle soit heureuse. Tu connais Erwan mieux que moi, et honnêtement, je pense que tu en as fait la déduction avant moi. Continuer à la voir, te fera du mal et ça la rendra malheureuse parce qu’Erwan refusera de la revoir… Et puis, franchement… c’est une Potter ! Moi, je ne peux pas les éviter, l’OdP oblige mais toi… tire-toi, oublie cette famille de cinglés. » Même le Sieur Black, il le dit que ce sont des cinglés...

« Et si tu veux une raison supplémentaire, je n’aimerais pas être celui qui sera présenté à son père. Vraiment. »

On vieillit tous, moi le premier. C’est bizarre mais aucune des personnes travaillant à Sainte-Mangouste ne me manquera. C’est terrible de dire ça. Ce sont, sans conteste, des gens très bien. Mary, Kyle même Artète est un gars bien. Mais non, aucun d’eux ne me manquera, pour le moment en tout cas. Il n’y a que deux personnes qui me manquent réellement et malheureusement, l’une ne pourra plus me voir et l’autre ne veut plus me voir. J’ai soupiré. « Tu n’es pas le seul pour qui les certitudes sont parties en fumée, tu sais » J’en ai fait les frais à Poudlard. Certain que je ne m’attacherais jamais à quelqu’un. Absolument persuadé que Taylor tomberait seul dans le piège qu’il m’avait lancé. Sûr de ce que j’avançais au Professeur Dumbledore lorsque je lui disais que je n’étais pas désolé d’avoir frappé Fullman. Et convaincu que je n’aiderais jamais les autres, moi seul comptait. Et au final ? Je suis tombé raide dingue de Taylor. Je me suis attaché à Kyle. Je me suis excusé – mentalement, certes, mais excusé quand même – auprès de Gary Fullman et je suis devenu médicomage… alors les certitudes, je suis bien placé pour dire qu’en avoir ne sert strictement à rien.

Honnêtement, je ne me fais aucun souci pour lui. Il a toujours su rebondir dans toutes les circonstances. Et puis, il en trouvera une autre d’Alix. Elle s’appellera peut-être Eloise, ou Jasmine ou peut-être même Alix, qui sait ? Elle sera sûrement brune, avec de grands yeux bleus. Ou alors, ça sera une petite blonde à lunettes, un peu pataude mais elle au moins, elle le rendra heureux. Et puis Alix Potter… non sérieusement. Une furie dans un corps de gamine, voilà ce qu’elle est. Impulsive et bien trop imprévisible à mon gout. Mais je ne m’inquiète pas pour Kyle. Il trouvera celle qui lui faut, et au boulot ? Il gèrera comme il a toujours fait même sans moi. Après tout, je ne suis pas si indispensable que ça et puis, il trouvera bien quelqu’un d’autre à emmerder. Et moi, ça me fera des vacances… « D’ailleurs, on continuera à se voir, hein ? » J’aurais pu lui dire non mais ça n’aurait pas été très sympa. En même temps, je n’ai jamais dit que j’étais sympathique. « Ce n’est pas parce que je ne serais pas à tes côtés en permanence que tu vas te trouver un nouveau petit frère de substitution hein ? » Non, ça ne risque pas. Un me suffit largement. Pas que je regrette ma rencontre avec lui, loin de là mais je l’admets j’aurais préféré qu’il trouve quelqu’un d’autre à venir emmerder… « Non, parce que je sais que je peux être très chiant par moments mais je te promets que je ne le fais pas toujours exprès. » J’ai haussé les épaules. Même pas exprès, il ne se rend pas compte à quel point je prends sur moi pour pas le renvoyer dans les jupes de sa mère quand il est comme ça. Mais je ne peux pas le nier, je l’aime bien ce gamin. Je crois que je ne l’aimerais pas autant s’il n’était pas comme ça avec moi. Je lui ai fais un grand sourire un peu moqueur. « De toute façon, même si je le voulais je n’arriverais pas à me débarrasser de toi. Tu me retrouverais même à l’autre bout de la planète »

J’ai terminé mon verre. « En ce qui concerne le boulot, tu trouveras quelqu’un d’autre pour jouer avec… et puis qui sait ? Peut-être qu’un jour on retravaillera ensemble… » Bon, là, ce n’était pas franchement sûr. Ah moins qu’il apprenne l’existence de la Ruelle de l’Espoir et qu’il décide d’y venir, je doutais fortement qu’on se recroise un jour pour le boulot mais sait-on jamais. Comme dirait ma sœur « Il ne faut jamais dire jamais. Et moi, je suis la Reine d’Angleterre ». Le pire c’était qu’à l’époque où j’étais encore un gamin j’y croyais dur comme fer au fait qu’elle soit la Reine d’Angleterre. J’étais un peu naïf parfois, surtout en ce qui concernait ma sœur.

Ce n’était pas une promesse. Et puis, on ne sait jamais. A notre époque, tout était possible. La Ruelle de l’Espoir existait et nous avions toujours besoin de monde. Qui sait, peut-être qu’un jour on se tournerait vers lui ? J’ai souri, trouvant ses réflexions un peu méchantes envers les Gryffondor et les Poufsouffle, qui pour une fois n’avaient strictement rien demandé, mais elles étaient pourtant tellement vraies. Enfin… Ma nouvelle vie allait bientôt commencer. Fini Sainte-Mangouste. Fini les illusions et les faux-semblants. La Ruelle de l’Espoir avait besoin de moi à temps plein et là-bas j’avais vraiment l’impression d’être utile à quelqu’un. Il était loin le Matthew Scott de Poudlard, très loin. Dorian avait commencé à me changer. Théo m’avait transformé. Avec lui, j’étais réellement quelqu’un. Sans lui, je ne suis plus rien. J’avais enfin trouvé un équilibre entre celui que j’étais et celui que je voulais être. Il avait réussi là, où tout le monde s’était cassé le nez, même ma sœur. Je n’en restais pas moins asocial, fréquenter les gens me faisaient peur peut-être, mais au moins j’étais utile.

« Par contre je ne dirais pas non à oublier quelques instants de plus le futur et ses inconnues dans un nouveau verre de ce délice que tu as appelé « mojesaisplustropquoi ». Après tout, à quoi bon avoir inventé la potion anti-gueule de bois si ce n’est pas pour pouvoir se bourrer la tronche en paix, n’est-ce pas ? » J’ai hélé la serveuse pour commander deux mojitos. J’ai souri. « La potion anti-gueule de bois est une révolution sur cette planète » Elle m’avait souvent aidé après mes cuites. Quand j’allais boire un verre au bar le soir et que je me retrouvais le lendemain dans le lit d’un pur inconnu sans savoir comment j’y étais arrivé. A l’époque de mon adolescence, je n’étais pas le parfait gamin que tous parents rêveraient d’avoir. Loin de là. Violent, bagarreur, découchant très souvent et en n’ayant rien à faire de tout, je me retrouvais souvent à Pré-au-Lard. Alors que les autres élèves de Poudlard dormaient dans leurs lits bien chauds, j’étais accoudé au bar avec un whisky pur feu dans les mains discutant avec le premier type qui passait par là. Et le lendemain, la potion anti-cuite me permettait de suivre les cours sans trop avoir la tête dans la citrouille, et comprendre un peu l’art qu’était les Potions, que visiblement une bande de cornichon – dixit Severus Rogue – ne pouvait comprendre. Il me manque ce professeur. Je l’aimais bien, même si nous n’avions pas vraiment les mêmes idées, je le trouvais tellement accro à sa fonction. On aurait dit qu’il ne vivait que pour sa matière. Un passionné, qui pourtant ne rêvait que d’une chose, la DCFM. Ah ah ah !

« Je me souviens la dernière fois que j’ai utilisé cette potion à Poudlard… c’était avec Taylor… On s’était pris une de ces cuites la veille sur un pauvre pari qu’on s’était fait. Le premier à finir les vingt verres de whisky pur feu. Autant dire qu’on n’était pas frais le lendemain en cours de métamorphose. Même la potion anti-cuite n’avait pas pu masquer notre nuit. Je me souviens même que James nous avait fait la morale à la fin du cours mais je ne me souviens plus de ce qu’il nous a dit… un truc du genre que c’était mal de sortir de Poudlard, que ce n’était pas la peine de nier, un élève nous avait vus rentrer, et que boire avant d’être majeur c’était interdit… mais putain qu’est-ce que ça collait pas dans sa bouche… On sait tous qui il était à Poudlard, il a fait plus de conneries que tous les élèves de Poudlard de 1000 ans réunis et il faisait la morale… on a rigolé, il nous a mis dix points en moins et une retenue… Avec celles que j’avais avec Dumbledore, une de plus ou une de moins… Avec Dorian on a nettoyé les chiottes… Rusard aimait bien donner ce genre de retenue… » C’était le bon vieux temps… Maintenant, cela ne doit pas être si drôle d’être élève à Poudlard… « A ta santé Kyle ! » J’ai avalé d’un trait mon verre.

Je crois que je l’ai choqué en déclarant mes vingt verres de whisky pur feu. J’avoue, c’était une belle connerie d’en boire autant. Le lendemain, j’avais juste l’impression d’avoir une famille complète de Pivert dans la tête, la tête en sky les cheveux poussant à l’intérieur. Je crois que ça a été le jour le plus long de ma vie. Mais j’ai survécu. Taylor aussi d’ailleurs. Dommage, il m’aurait moins pourri la vie, et surtout j’aurais moins été hanté par son souvenir. « J’avoue que je suis bien content d’avoir quitté les murs du château parce que de ce qu’en raconte Gwen c’est loin d’être la joie. » Je ne lui fais pas dire. De ce que j’entends l’ordre du phénix avec Remus et Erwan, ne me ravit absolument pas. J’ai beau retourné le problème dans tous les sens, je ne comprends pas comment on a pu en arriver là. « Et si c’est la princesse de Serpentard qui le dit, sachant à quel point elle a tendance à se ficher royalement de tout, ça en dit très long sur la situation. » C’est vrai que sa sœur est toujours là-bas. Lui aussi à son indic’ sur Poudlard. Je n’avais jamais rencontré sa petite sœur. Je n’en avais pas spécialement envie. Un Rulin sur le dos, cela me suffisait largement. Mais de ce que j’en savais, il l’aimait beaucoup. « Mais t’as raison, on va pas se déprimer avec ça ce soir. On en est sortis et c’est tout ce qui compte. A notre santé donc et à ta nouvelle vie je suppose ! » J’ai souri, un peu jaune. Oui on en est sorti. Oui ma nouvelle vie. Si l’on peut appeler ça ainsi.

Je ne me suis jamais intéressé aux autres. Je déteste me mêler de la vie des gens. Cela ne me regarde pas, comme ma vie ne les regarde pas mais les temps ont changé. Taylor m’a changé. J’ignore comme il a réussi ce coup de Maitre mais les faits sont là. J’ai changé. Pour lui, je suis devenu Médicomage, pour trouver le remède à la lycanthropie. Je ne pourrais jamais le tester sur lui si jamais je le trouve mais d’autres en profiteront. Aujourd’hui, même si je ne suis pas plus social qu’avant, j’estime que tout le monde a le droit de vivre et surtout de façon égale. Ce n’est pas pour Taylor que je suis entré à l’Ordre, non, simplement le fait de trouver tout ça injuste. Injuste pour ceux qui n’ont pas de pouvoir magique, pour ceux qui sont nés différents. Un peu comme moi, à vrai dire. Je suis différent. Certes, je suis sorcier, avec des pouvoirs magiques mais surtout homosexuel. Et je crois que c’est ça qui m’a fait prendre conscience que oui, on pouvait être différent, mais que non, on n’avait pas le droit de traiter les gens ainsi sous prétexte qu’ils n’étaient pas nous. Alors je suis entré à l’Ordre et je me suis investi dans la Ruelle de l’Espoir et là je vais y retourner. Faire ce que j’ai toujours eu envie, ce dont j’ai toujours rêver depuis que je suis médicomage. Sauver ceux qui en valent vraiment la peine.

« Mais j’y pense, tu ne peux pas partir sans qu’on règle un détail crucial ! » J’ai levé les yeux vers lui, en haussant le sourcil droit. Je ne sais pas si je dois avoir peur ou non. « Qui est-ce que je vais emmerder à ta place maintenant que tu t’en vas ? Il est essentiel que tu désignes ton successeur. » Je n’ai pas pu m’empêcher de rire. Je plains mon successeur, vraiment. J’apprécie vraiment Kyle mais honnêtement, il m’a fait tourner en bourrique tellement souvent que je ne confierais cette tâche de successeur qu’à un ennemi. « Que ce soit un type que tu ne supportes pas, auquel cas je saurais être détestablement charmant » Comme quoi, je ne suis pas le seul à penser ça. « ou juste un pauvre type avec qui tu penses que je pourrais bien m’entendre si je le décoinçais un peu. » J’ai grimacé, il s’est repris. « Et, non je ne veux bien entendu pas dire par là que tu étais coincé » Comme dirait le proverbe moldu… Arrêtes de ramer, tu te noies. Parce que là, oui, tu te noies. Je ne suis pas quelqu’un de coincé. Loin de là. Je n’aime juste pas m’éclater avec tous les traines du coin. J’ai une dignité à respecter. Et surtout, je ne suis pas du genre à m’exhiber en publique. Mais demandez à Théo si je suis coincé… J’ai secoué la tête en soupirant. A une époque, j’aurais répondu Gary Fullman, ce gros con qui avait pourri ma septième année à Poudlard mais aujourd’hui…. à part le médicomage du deuxième étage, Boris Fjord. Je le détestais. J’étais imbu de ma personne, asocial, pas très modeste et tout ce qu’on veut mais lui… c’était le mal incarné. Peut-être parce que c’était le Mangemort de Sainte-Mangouste. Je le savais, je m’étais battu contre lui lors d’une bagarre Mangemort-Ordre. J’avais tout de suite reconnu sa voie lorsqu’il avait parlé à l’un de ses comparses. Je ne l’aimais déjà pas avant, mais là je ne risquais plus de l’apprécier. Il était au service des Virus et microbes magiques. J’étais aux Blessures par Créatures Magiques. Un étage d’écart mais des années d’animosité. Mais même si je le détestais, je ne donnerais pas son nom à Kyles. J’appréciais bien trop le gamin pour le livrer à un tel con. « Il y en a bien un avec qui tu t’entendrais… très différent de moi mais il te ressemble. Il est arrivé l’année dernière, il est au troisième à l’empoisonnement par potions et plantes. Et je pense vraiment que vous vous entendriez bien. Il vient d’Australie. » Je l’avais eu en stage juste avant qu’il ne soit embauché au troisième. Timide mais pas du tout asocial, bien au contraire. Il était arrivé en Angleterre pour ce stage et y était resté. « C’est Timothy Smith ».

Ce môme c’était quelqu’un de bien. Comme Kyles. J’espérais juste que ni l’un ni l’autre ne perdent leurs convictions et le pourquoi ils travaillent à Sainte-Mangouste. Je ne voulais pas qu’ils finissent comme la plupart des médicomages qui sont là. Avec les temps qui courent dire que l’on est contre le gouvernement c’est de la trahison. On sait tous comment cela se finit. Je comprends. Il y a quelques années, et si je n’avais pas rencontré Dorian, j’aurais sûrement aussi fait l’autruche. A faire comme si de rien était, et prétendre être du bon côté mais aujourd’hui, je ne peux plus fermer les yeux. Et la dispute avec Théo n’avait pas amélioré les choses.

« Prends-soin de toi Kyles. Et ne laisse personne décider pour toi, surtout pas ceux de Sainte-Mangouste » Je crois que j’y ai mis un peu trop d’amertume dans le ton de ma voix.