par la plume de Invité ϟ Posté Dim Sep 30 2012, 09:24
Midi sonna. Rejoindre la Grande Salle bruyante ? Batailler pour trouver une place à la table des professeurs, manger en silence et prendre le risque d’apercevoir Ariane ? Très peu pour Yolanda Yeabow. Elle n’était pas d’humeur à fréquenter la grande pièce noire de monde, et subir les sottises de Thomas et de Lupin pendant une heure. Et puis il y avait les copies des sixièmes années qui, toutes fraîches, n’attendaient qu’à être corrigées. Elle doutait que les élèves aient compris et appliqué la méthode qu’elle exigeait d’eux, et sentait que les T allaient fuser. Qu’importait. Au moins ce serait ça de fait.
Ces derniers temps, Yolanda ne s’était plus autant investie dans son travail qu’avant. Réputée pour être exigeante, sévère en notation, et suivre des méthodes rigoureuses, il fallait avouer qu’elle s’était un peu laissée aller, durant les dernières semaines. Sa rencontre avec Théodore l’avait profondément transformée, à lui en faire oublier ses priorités. Bien sûr, elle était toujours très active en tant que Mangemorte – peut-être trop – mais de moins en moins en tant que professeur. Elle passait plusieurs soirées par semaine avec son amant, et cette nouvelle compagnie la ravissait, contrastant profondément avec la solitude qu’elle avait endurée ces dernières années ; il leur arrivait de sortir, ou alors simplement de discuter chez l’un ou chez l’autre, de Jonathan, de plans infernaux, ou de banalités. Théodore ramènerait Ariane de leur côté… Théodore ferait payer Jonathan… Théodore s’occupait d’elle. Ils étaient sur la même longueur d’ondes, regardaient dans la même direction ; enfin, elle s’était trouvé un allié. Un allié parfait, un allié extraordinaire. Et c’était le frère de Jonathan.
Yolanda prit la direction de la salle des professeurs, toute prise dans ses pensées. Elle avait été très distraite, dernièrement. Bien sûr, cela ne devait pas durer, il fallait qu’elle s’impose plus de rigueur. Le livre emprunté à la Bibliothèque attendra ce soir… Elle devait s’occuper des sixièmes années.
Elle pénétra dans la salle, apparemment calme. Personne en vue. Parfait… L’heure allait être silencieuse ; ses collègues lui épargnaient leur caquètement continu.
Tranquillisée, elle allait s’installer dans un fauteuil, près d’une table, lorsqu’elle se retrouva face à… James Potter.
Yolanda se sentit frémir. James Potter. Qui n’avait pas changé. Il avait quitté Poudlard il y avait quelques années… et Yolanda avait très peu eu l’occasion de le revoir. Les rares fois où c’était arrivé, ils avaient fait mine de ne pas se reconnaître et avaient passé leur chemin. La présence de James la mettait très mal à l’aise.
Le revoir réveillait en elle de vieux souvenirs. Pendant la décennie abominable qu’elle avait traversée, en proie à un marasme infini, James Potter avait été le seul à pouvoir la comprendre sa souffrance. La plus terrible des douleurs, qu’ils subissaient tous les deux. Si elle avait réussi à survivre pendant les premières années qui avaient suivies la perte d’Ariane, c’était en partie grâce à James, à sa compréhension, à son amitié. Mais comme Jonathan, il appartenait au camp opposé. Et un soir, ils tombent dans les bras l’un de l’autre et frôlent l’irréparable.
Ils s’étaient séparés avant de commettre une bêtise, et depuis, s’étaient considérablement éloignés. Puis James avait retrouvé sa fille, et sa femme. Et il avait changé de travail.
Elle le détailla une fraction de seconde. Toujours aussi charismatique. Il devait travailler avec Jonathan, maintenant, en temps qu’Auror, si elle ne se trompait pas. Alors que faisait-il à Poudlard ?
Cette fois ce ne serait plus possible de lui échapper. Il était en face d’elle. Un silence témoignerait de son trouble. Il fallait parler.
« Bonsoir, Potter. Qu’est-ce que tu fais ici ? », lança-t-elle d’un ton qu’elle voulait neutre et détaché.
par la plume de James D. Potter ϟ Posté Lun Oct 01 2012, 09:21
"Les opposés s'attirent"
... et le passé resurgit
Toujours autant confortable. La pièce n’avait pas changé depuis que j’étais parti, voici cinq ans. Au grand désespoir de Dumbledore. Je ne l’avais jamais vu dans un état pareil. Il m’avait supplié de rester à Poudlard, que les élèves seraient bien plus en sécurité si j’étais là. Il y avait Remus, cela suffisait amplement. Et puis, moi, j’avais fait le tour de ce que le poste de professeur pouvait m’apporter. J’avais aimé ce boulot mais j’aimais encore plus mon métier d’Auror. J’étais Auror dans l’âme et je l’avais lâché trop rapidement, me complaisant dans un job qui ne me faisait aucun bien à part celui de faire semblant d’aller bien. Mais était-ce réellement un bien ? Pendant presque vingt ans, j’avais fais semblant. Semblant que j’étais heureux. Faisant croire que la compagnie de mes collègues et amis me faisait le plus grand bien. Essayer tant bien que mal d’avoir les idées claires lorsque je donnais un cours mais tout ça c’était du vent. Alors quand la décision de retourner au Ministère et reprendre mon vrai boulot se fit dans mon esprit, la question ne se posa que quelques secondes, je quittais Poudlard sous les yeux ennuyés de Dumbledore. Son comportement avait été des plus bizarre mais rien ne m’avait fait changé d’avis, pas même l’idée d’avoir le poste de directeur-adjoint. Maintenant que j’y pensais, c’était un comportement très étrange… mais je n’en fis cas et retournais prendre possession de mon bureau – qui n’avait pas changé en vingt ans – au Ministère et pour être des plus honnêtes, je m’y plaisais réellement. Là, j’étais heureux d’aller travailler.
Mais aujourd’hui, c’était repos. Je venais rendre visite à Remus. Depuis que j’avais quitté le Château, j’aimais bien y revenir pour discuter avec mon meilleur ami. Il avait pris possession de mes appartements, ceux situés dans la tour des Gryffondor. Il était passé directeur de la maison. A cette heure-ci, il devait être entrain de prendre son repas dans la Grande Salle en compagnie des autres professeurs et élèves. J’aurais pu l’y rejoindre mais, pour tout dire, je ne voulais pas me trouver avec des gens que je n’appréciais pas spécialement. A part quelques professeurs – ils devaient être au nombre de deux – les autres je ne les aimais pas. Je m’étais donc installé dans un fauteuil de la salle des Professeurs – le mot de passe n’avait pas changé – pour attendre mon ami de toujours, un livre à la main. J’entendis à peine la porte s’ouvrir et quand je réagis d’une présence autre que la mienne dans la pièce, j’aurais voulu ne pas être là. En levant les yeux vers la nouvelle arrivante, j’aurais pensé à n’importe qui sauf à… elle.
Yolanda Yeabow. Je sentis son malaise, tout aussi prononcé que le mien.Yolanda, je l’évitais. Etait-ce pour ça que je n’avais pas eu envie de rejoindre Remus dans la Grande Salle. Nous étions de camps opposés mais cela ne nous avait pas empêché de devenir proches. Trop proches. Touché par la même souffrance, elle avait été une des rares à comprendre. A me comprendre. Et j’avais été l’un des rares à la comprendre. J’avais perdu un fils, elle avait perdu sa fille. Même si aujourd’hui, je pensais avoir tourné la page, en la voyant devant moi, je sentis bien que ce n’était pas le cas. On avait failli commettre l’irréparable. Depuis on s’ignorait, on faisait semblant d’être des étrangers l’un pour l’autre, enfouissant cette histoire bien profondément au fond de nous mais comme on dit, le passé revient toujours. Je ne pus m’empêcher de lui sourire, comme si cela allait effacer ses années d’éloignement. Je ne pouvais pas l’ignorer. Nous avions passés des moments exquis ensembles. Nous avions partagé une souffrance identique et nous étions devenus amis. « Bonsoir, Potter. Qu’est-ce que tu fais ici ? ». Troublée, elle l’était. Moi aussi. Je ne m’étais pas attendu à la croiser ici. Elle m’avait pris au dépourvu. Je pourrais lui dire la vérité. J’attendais Remus mais tout autre chose sortit de mes lèvres sans que je ne puisse y faire quelque chose « Je venais te voir ». L’air surpris que j’affichais ne put erre caché. Je finis par me lever de mon fauteuil, posant mon livre, Les fourmis. Un livre d’un auteur moldu. J’aimais bien la littérature moldue et franchement, lui, j’étais sûr que c’était un sorcier qui écrivait sous pseudonyme. Cela ne pouvait être autrement. Bref. « En réalité, je venais voir Remus » me repris-je rapidement m’éloignant de quelques centimètres de Yolanda.
Je l’observais un silence, essayant de trouver une échappatoire à ce qui pourrait tourner en catastrophe. Mais rien ne vint. « Tu… Je suis content de te voir » lâchais-je après un lourd silence. Oui. Je l’étais.
par la plume de Invité ϟ Posté Sam Oct 06 2012, 00:46
« Je venais te voir. » Bien sûr. James Potter était marié, il l’avait évitée depuis cinq ans, il avait fait souvent mine de ne pas la connaître. Et aujourd’hui, il venait la voir. Tout cela découlait d’une logique claire et parfaite. Evidemment. Ne s’était-il pas rendu compte que la situation était assez tendue comme cela ? Jugeait-il vraiment nécessaire d’en rajouter ? Oh, bien sûr, maintenant il faisait le surpris. Surpris par ses propres paroles. Il se leva, posa son livre, s’approcha d’elle. Yolanda le toisait, les sourcils haussés. Lorsqu’il s’expliqua, justifiant qu’il venait voir Lupin, elle lui lança un regard indifférent. « Je vois », lâcha-t-elle, glaciale et sèche à la fois.
Un long silence s’installa. Oh, qu’allait-il se passer ? Demeureraient-ils face à l’autre, indifférents, murés dans le silence ? Il n’existait rien de pire conclusion, pour une amitié que l’indifférence. Se retrouver l’un en face de l’autre, des années plus tard, après avoir passé des moments extraordinaires, et ne plus rien avoir à se dire, et se toiser comme des étrangers, c’était terrible. Comme si rien ne s’était jamais passé, comme s’ils n’avaient jamais rien partagé, comme s’ils étaient morts, et que les souvenirs avaient disparu en fumée.
Enfin, il s’éloigna un peu d’elle, et osa sortir du mutisme. Il disait qu’il avait plaisir à la revoir. Et – Yolanda ne savait si c’était parce qu’elle voulait le croire, ou parce que l’impression se dégageait vraiment de lui – mais il paraissait franc aux yeux de la Mangemort. Elle esquissa un sourire léger, discret, mais sincère. « Oh… Moi aussi… Moi aussi… Il s’est écoulé tellement de temps depuis… la dernière fois. » Des mots échappaient à James ? Très bien, d’autres échapperaient à Yolanda. Elle aussi. La dernière fois où ils avaient été ensemble, vraiment ensemble, leur discussion avait abouti en étreinte passionnée ; trop vite, ils s’étaient retrouvés l’un contre l’autre, à jouer l’un avec l’autre, et avaient eu un mal fou à se séparer. Yolanda préférait ne pas imaginer ce qui se serait produit si ce qui lui restait de raison ne s’était pas ravivé.
Encore un silence. Elle le détailla. Il était beau, comme Jonathan. Et du camp opposé, comme Jonathan. Traitre à son sang, comme Jonathan. Et tout aussi extraordinaire, et merveilleux, à la manière de John.
Mais ils étaient différents, si différents… Yolanda savait qu’ils ne seraient sans doute jamais devenus amis si la perte d’un enfant ne les avait pas réunis. La politique de leur époque, les critères de sang, la communauté morcelée fermaient les esprits. On ne pensait pas à se lier avec d’autres gens que ceux qui nous ressemblaient. Mais, à y repenser, c’était stupide. Les opposés s’attiraient. On avait besoin de gens différents.
« Et sinon, la direction du bureau des Aurors te convient ? Il ne t’arrive jamais de regretter Poudlard ? », glissa-t-elle sur le ton de la conversation. A vrai dire, c’était tout de même très étrange, la manière dont le Seigneur des Ténèbres lui avait proposé ce poste. Et le comportement de Dumbledore aussi. C’était étrange. « Tout de même, James, tu ne trouves pas cela étrange, la manière dont le Seigneur des Ténèbres t’as offert ce poste ? Et Dumbledore, en ce moment ? Je n’ai jamais beaucoup apprécié Dumbledore, mais ça fait un moment qu’il se comporte de manière inhabituelle, tu ne trouves pas ? »
Il arrivait qu’un Mangemort et qu’un membre de l’Ordre conversent de manière plus ou moins pacifique, mais à ce moment-là, il était vital d’éviter de parler de politique. Avec James, les mots étaient venus à Yolanda spontanément, sans qu’elle ne cherche à éviter un certain tabou. Elle avait redonné sans s’en rendre compte, et sans le vouloir, le naturel d’antan à leur conversation. Oh bien sûr ça pouvait paraître étrange, mais ça lui avait échappé.
par la plume de James D. Potter ϟ Posté Mer Oct 10 2012, 17:20
"Les opposés s'attirent"
... et la conversation reprend
Je n’aime pas les silences. J’ai l’impression que l’on m’observe, me juge, me détaille… j’étais content de la voir. C’était une évidence. Nous avions vécu une chose unique alors que tout nous opposait. C’en était étrange. Trop étrange mais je devais l’admettre les moments passés, avec elle, me manquaient. Nous avions failli commettre l’irréparable. J’ignore comment nous avions réussi à nous séparer. Je me pose toujours la question. Si longtemps, c’était le cas de dire. Je ne compterais pas le nombre d’années. Pourtant, je ne pus m’empêcher de sourire. Cela me faisait plaisir de l’entendre. Même si la dernière fois fut un dérapage à peine contrôlé qui aurait pu se finir en catastrophe nucléaire si jamais ni l’un ni l’autre n’avait réussi à se défaire de l’emprise que l’autre lui faisait. Nouveau silence. En réalité, je n’ignorais quoi dire ou quoi faire. Je devais l’admettre, je ne m’étais pas attendu à la voir. Qu’avais-je cru en venant ici ? Que je ne la croiserais pas ? Mon inconscient la voulait,, pour ne pas dire la désirer. Rien n’aurait pu nous rapprocher. Rien. Sauf la perte d’un enfant. Cela pourrait presque être comique de nous voir, tous les deux, comme deux adolescents qui se découvrent. Tout nous opposait. Nos idées, nos camps respectifs. Nos intentions. Nos manières de faire cours. Tout. Et pourtant. Qui aurait pu croire que nous avions été amis. L’était-on encore ? Sûrement…. Si Lily l’apprenait, elle me tuerait sans même me laisser le temps de m’expliquer. Remus aussi je crois. Yolanda me surpris en prenant la parole et rompant le silence. Elle s’adressa à moi comme si nous avions arrêté la conversation deux heures avant. Sans aucun tabou. Sans aucun tremblement dans la voix. Juste une conversation de bar entre deux amis qui reprenait là où ils l’avaient laissée. Je souriais. Même si j’avais été plus que surpris de la nomination, je ne m’en étais jamais plaint sauf lorsque j’avais des aurors que l’on pouvait qualifier de boulet. Mais ça, cela faisait parti du boulot. Je devais admettre que la situation était étrange. Voldemort était étrange mais Dumbledore aussi. Depuis longtemps je l’avais remarqué. Cela me rassurait de voir que Yolanda aussi. J’aimais bien sa façon de converser. Cela pouvait paraitre étrange étant chacun d’un camp opposé et pourtant… je finis par hausser les épaules.
« C’est un peu lourd en travail mais j’aime ce que j’y fais. Je m’y sens bien. Vraiment. J’ai retrouvé le gout au travail que j’avais perdu depuis pas mal de temps. Et même si cela me tue de le dire, je remercie Voldemort d’avoir accepté que je reprenne mon boulot d’Auror et accessoirement m’avoir offert le poste de Directeur mais je dois l’admettre, c’est très étrange. Je ne comprends pas bien sa stratégie. Dumbledore aussi est étrange… je le sens totalement hors de ce qu’il fait. Mais que tu l’aies remarqué aussi ne me rassure pas tellement je dois dire. » Car si elle aussi l’avait vu c’est qu’il n’y avait aucun doute. Les deux étaient étranges, se comportaient de manière très bizarre et que, pour ma part, je sentais que cette histoire allait mal se finir. « Tu en penses quoi toi de leur lubie à vouloir distribuer des tracts pour les élections ? » demandais-je après un léger silence. Si la situation n’avait été aussi inquiétante, on pourrait presque en rire. Dumbledore et Voldemort faisant leur campagne électorale à coup de tracts. Et franchement, cela n’était pas un succès flagrant surtout lorsque les distributeurs des deux clans se retrouvaient face-à-face dans la rue. Remarquez, cela nous faisait du travail… à nous, les Aurors. « Comment se passe les cours ? ». Changement de sujet complet mais j’avais envie de savoir. Reprendre une conversation trop vite écourtée. Savoir ce qu’elle devenait depuis que je n’étais plus à Poudlard. Elle m’avait manqué. C’était un fait.
par la plume de Invité ϟ Posté Mer Oct 10 2012, 21:59
C’était étrange… Poser les yeux sur son ancien collègue suffisait pour qu’elle se revoie dans ses bras. Le fait que James soit là, en face d’elle, suffisait à faire rejaillir le souvenir de leurs étreintes ; ils lui sautaient à la figure, la percutaient de plein fouet. Est-ce qu’elle regrettait que cela se soit arrêté là ? Non… non bien sûr… Se jeter l’un sur l’autre comme des animaux pour le regretter profondément ensuite ? C’aurait été stupide. Et puis James avait été son ami ; on ne touchait pas à ses amis. Elle n’avait jamais eu que Jonathan pour amant, Jonathan dont elle avait été profondément amoureuse. Et Théodore, également, mais avec Théodore, c’était différent… Ce n’était pas de l’amitié, plutôt de l’affection, du désir, de l’estime réciproques.
James paraissait très heureux de son nouveau travail – aux côtés de Jonathan. Hiérarchiquement supérieur à Jonathan. Si les deux hommes se seraient liés il y avait quelques années, Yolanda aurait pu découvrir l’existence d’Ariane avant qu’elle ne rentre à Poudlard – et peut-être ainsi éviter bien des horreurs… Mais il était trop tard. James n’avait pas pu l’aider, ils s’étaient séparés et n’avaient plus rien échangé pendant longtemps. Ni bonjour, ni courrier, ni rien… C’était trop stupide, trop douloureux. Ils n’auraient pas dû se quitter pour si peu. Yolanda aurait eu besoin de la présence de quelqu’un qui comptait à ses yeux, durant les dernières années. Même si c’était un membre de l’Ordre – n’avait-elle pas eu une fille d’un membre de l’Ordre ? Aujourd’hui, néanmoins, elle était montée trop haut dans la hiérarchie des Mangemorts, et le fossé entre les deux camps s’était creusé davantage. Pouvaient-ils encore se permettre de se considérer comme des amis ? Yolanda eu un sourire amer. Elle voulait se croire libre et indépendante, mais ils étaient tous prisonnier de leur société, de ces deux camps, de leurs choix qui les modelaient et qui leur imposaient une compagnie, sans qu’ils ne puissent choisir ceux qu’ils voulaient aimer ou non.
« Oh, c’est merveilleux, alors… Je suis contente que ça aille mieux… », répondit-elle, accompagnant ses paroles d’un sourire sincère. La Mangemort reprit, revenant au thème des élections, et du comportement des deux leaders. « Effectivement, c’est tout à fait incompréhensible. Confus. Je ne… Je ne vois pas de logique véritable dans leurs agissements, ni l’un ni l’autre… Le Seigneur des Ténèbres n’est plus le même, c’est certain. Je ne saurais dire depuis combien de temps, mais… Et Dumbledore, c’est tout à fait pareil… James, ces élections sont une mascarade. Pendant des années, Dumbledore a refusé le poste de Ministre de la Magie, et aujourd’hui il souhaite diriger le monde magique ? Et depuis quand le Seigneur des Ténèbres se soumet-il de la sorte à une élection ? » Elle s’arrêta un instant, songeuse. « Il y a peut-être quelque chose de logique dans leur comportement, mais cela nous échappe, à toi et à moi. Eux, cependant, je crois qu’ils doivent se comprendre entre eux. Tous les deux. On ne nous fait part de rien, on ne comprend rien. Nous sommes des pions qui se contentent d’obéir à quelque chose que nous ne comprenons pas. Peut-être… peut-être sommes nous en train d’agir contre nos intérêts…» Elle eut un petit sourire. « Excuse-moi, je m’emporte. Nous nous inquiétons sans doute pour rien – je m’inquiète pour rien. Mais je n’irais pas contenter leur petit désir ridicule. Nous sommes des sorciers, pas des elfes de maisons, ni de vulgaires Moldus. Nous n’allons pas… nous n’allons pas nous battre à coup de… de tracts… » Enfin dans le monde dans lequel ils vivaient, il y aurait toujours matière à s’inquiéter. Tant que les deux camps continuaient d’exister, tant que le Seigneur des Ténèbres et les Mangemorts – elle l’avouait franchement – continuaient à faire leur petite loi, la paix n’arriverait jamais. Yolanda ne savait pas vraiment si elle voulait la paix. Peut-être ne se battaient-elles que pour ses intérêts – même pas pour l’idéologie. Ou parce qu’elle avait appris à le faire. A vrai dire elle ne savait plus trop quelles envies la guidait. Elle se sentait faible, et inutile, et molle. « Les cours… les cours se passent bien. Tu sais que j’aime beaucoup ce que je fais… alors… je ne suis pas mécontente. » Non, elle n’était pas mécontente ; elle était désespérée. Les souvenirs de l’empoisonnement d’Ariane tournaient encore dans sa tête. En boucle. Comme une berceuse. Lupin lui en avait peut-être parlé. Fallait-il lui parler d’Ariane ? Oh, et puis cela romprait le silence. Et lui ferait beaucoup de bien. « Je… je ne sais pas si tu as été au courant, mais j’ai retrouvé ma fille il y a quelques années, lorsqu’elle est entrée à Poudlard. C’était… c’était Jonathan qui l’avait… me l’avait enlevée et fait croire sa mort. Tu… il travaille avec toi, maintenant, n’est-ce pas ? Il va bien ?» C’était affreux, de parler comme ça ; on aurait dit qu’elle se lamentait sur son sort – pathétique. Pourtant, elle en avait besoin. Et elle savait qu’elle pouvait compter sur James. Plus que quiconque. Plus que Théodore, ou Jonathan, le Seigneur des Ténèbres ou n’importe quel autre Mangemort. Il était son ami.
par la plume de James D. Potter ϟ Posté Jeu Oct 11 2012, 21:22
"Les opposés s'attirent"
... et les amis sont toujours là
Je suis mal à l’aise et pourtant très à l’aise. C’est bizarre. J’imagine Lily entrer juste à ce moment là et me prendre en flagrant délit de discussion avec Yolanda. Pourtant, on ne fait rien de mal. Juste discuter. Comme avant. J’ai l’impression d’être un gamin entrain de préparer un mauvais coup et qui n’a peur que d’une seule chose, se faire prendre. Si Lily entre, je suis mort. Pourquoi elle entrerait d’abord ? Si elle veut voir Remus. Non, elle l’a vu hier. Moi ? Elle viendrait au Ministère, pas ici. Ou alors, elle a eu vent que j’étais à Poudlard aujourd’hui, sauf qu’à part Yolanda, personne ne sait que je suis là. Pourquoi j’ai si peur qu’elle entre ? Yolanda et moi on ne fait que discuter. Comme des amis. Comme avant. Yolanda est mon amie. Oui. Je l’ai dit. Elle me manque. J’ai de l’affection pour elle. Beaucoup. On est de camps opposés, je ne peux pas en avoir et pourtant… Lily n’entre pas, je t’en supplie. Je suis con. Trop con. J’en viens à avoir peur que ma femme entre et me prenne en flagrant délit de discutage intense entre deux personnes. Je suis sûr que si quelqu’un entre dans la pièce, je me mets à hurler comme une fillette. J’aimerais lui tomber dans les bras, lui montrer à quel point elle m’a manqué et que oui, je suis heureux de la voir même dans ces temps de crises. On s’était rapproché par le même malheur. La seule qui pouvait me comprendre. Savoir ce que je vivais. Le seul qui pouvait comprendre ce qu’elle vivait. Personne ne peut comprendre ce qu’est la perte d’un enfant. Personne. A moins de l’avoir vécu. J’émis un léger rire, nerveux sans doute, lorsqu’elle commenta les élections. Je l’admets, c’était une mascarade. Je me souviens de la tête que j’avais faite lorsque Dumbledore nous avait annoncé son intention. Distribuer des tracts. Dans la rue. Il était tombé sur la tête. Et Yolanda avait raison, Albus n’avait jamais voulu le poste de Ministre. Il ne voulait que Poudlard, soi-disant qu’il était bien plus utile en tant que Directeur qu’au Ministère. Cela ne faisait aucun doute. Mais alors pourquoi ce changement si radical ? Et pourquoi Voldemort acceptait-il des élections sans rien dire ? Lui qui aimait régner sur tout le monde sans la moindre contrainte acceptait des élections sans broncher ? Je hochais la tête à ses propos. J’aimais bien lorsqu’elle s’énervait comme ça. Cela me faisait marrer même si ses dernières paroles me firent frémir. Il m’arrivait souvent d’oublier qu’elle n’était pas de mon camp et que nous avions des idées totalement différentes en ce qui concernait les elfes, les moldus et tous ceux qui n’étaient pas des sorciers à ses yeux. « J’admets que quelque chose m’échappe mais quant à dire quoi, c’est un autre histoire… » N’empêche que les combats à coups de tracts pourraient être très drôle. Je m’imaginais dans la rue entrain de trouver le plus de stratagème possible pour distribuer les tracts de Dumbledore tandis que Yolanda faisait la même chose pour ceux de Voldemort. *Dumbledore premier ministre ! Vous trouverez sa campagne sur ce tract !* *Le Seigneur des Ténèbres vous rendra la vie meilleure ! Votez pour lui !*. J’éclatais de rire en imaginant la scène. « Imagine-nous au coin de la rue entrain de harceler tous les passants pour qu’ils prennent nos tracts ! » lançais-je à Yolanda entre deux rires. Je commençais à imiter mes pensées en faisant de grands gestes. « Qui veut mes tracts ! Votez pour Dumbledore ! Pas pour ce serpent de Voldemort ! » « Votez pour le Seigneur ! Le seul et l’unique ! Dumbledore perd la tête ! Il faut l’enfermer en asile ! » repris-je en imitant la voix de Yolanda. Je m’arrêtais de rire. « Ça pourrait être drôle, tu ne trouves pas ? » lançais-je en souriant.
Je changeais de sujet. Peut-être parce que parler de Voldemort et Dumbledore n’étaient pas la meilleure idée qu’il pouvait y avoir. Nous étions tout de même de camps différents, cela pourrait mal tourner même si entre nous, il n’y avait jamais réellement eu de sujet tabou. Sa réponse au sujet des cours ne me plu pas spécialement. Je sentais que quelque chose n’allait pas, rien qu’au ton de sa voix. Je l’avais tellement entendu ce ton que je pourrais le reconnaitre quoiqu’il se passe. Et la suite ne me fit que confirmer mes pensées. En réalité, je le savais… enfin non. J’avais des soupçons mais je n’en avais jamais parlé avec Jonathan. Nous n’étions pas proches même si on s’entend bien et je ne me voyais pas lui poser la question de but en blanc. C’est la fille de Yolanda, n’est-ce pas ? Je ne suis pas sûr qu’il aurait répondu à la question ou s’il l’avait fait il m’aurait sûrement répondu que ce n’était pas mes oignons. Il n’aurait pas tord… ou pas. J’acquiesçais à sa question. Nous travaillons ensembles. Et il semblait aller bien. D’un geste rassurant, je fis asseoir Yolanda sur l’un des sièges de la salle. Je fis de même. « Oui, nous travaillons ensembles. En ce qui concerne ta fille… il m’avait parlé un jour de sa fille, Ariane. Et je dois admettre que j’ai eu des soupçons. J’ignore s’il savait que l’on se connaissait tous les deux… il n’avait jamais mentionné ton nom lorsqu’il parlait de la mère d’Ariane mais j’ai eu des doutes… et tu viens de me les confirmer aujourd’hui. » commençais-je, un pincement au cœur, une pointe de jalousie dans la voix. Même si leurs retrouvailles n’avaient sans doute pas été des plus idylliques, elle avait retrouvé sa fille. Moi non. Cela me rendait jaloux. Mais je ne l’avouerais pas. « Jonathan va bien. Même si nous nous voyons souvent, nous ne discutons pas beaucoup ensembles. Il est souvent sur le terrain. Mes aurors ont pas mal de boulot en ce moment, surtout avec la distribution de tracts qui rend fou toute la population londonnienne. Tu veux que je lui dise quelque chose de ta part ? » demandais-je, même si la réponse serait sûrement non. Je restais silencieux quelques secondes, un peu gêné par ce que j’allais demander. « Tu… comment ça se passe avec ta fille ? ». C’est ce qu’un ami demanderait à un autre ami, non ?
par la plume de Invité ϟ Posté Dim Nov 11 2012, 12:30
Yolanda se sentait mal, de parler à James Potter aussi amicalement qu’elle le faisait. Autrefois, il n’y avait pas eu ces difficultés, il n’y avait pas eu ces barrières des deux camps, il n’y avait pas eu de sujets tabous, ni de gêne. Pourtant, aujourd’hui, Yolanda Yeabow n’était pas bien, pas à l’aise – et elle voyait bien que lui non plus. Il s’agitait, comme un gamin après un mauvais coup. C’était un crime, bien sûr, d’échanger quelques mots avec Yolanda Yeabow !
Elle ne rit pas lorsqu’il plaisanta sur la campagne électorale. On ne plaisantait pas sur ces choses-là. Lui aussi avait remarqué leur comportement bizarre ; c’était le signe que quelque chose d’étrange se tramait vraiment. James remarqua son désarroi, et orienta alors la conversation vers ses cours. A sa réponse, il sembla comprendre que sa vie à Poudlard ne s’était pas améliorée, et parut insatisfait. La Mangemort détailla son ancien collègue ; il avait tout d’un homme heureux. Qui aurait dit qu’il n’y avait pas si longtemps, il avait perdu un fils, sombré dans l’alcool et dans la dépression ? Lorsqu’on regardait Yolanda, on voyait bien qu’il y avait eu un passé triste et sombres derrière ses yeux noirs et cernés, derrière ses colères folles et ses rires sadiques. Potter, lui, n’avait l’air que d’un gentil père de famille, satisfait de sa condition. Il avait retrouvé sa femme, eut d’autres enfants. Yolanda se demande s’il avait oublié Harry, s’il y pensait parfois encore, malgré tout son bonheur neuf.
Lorsqu’elle entendit qu’il avait travaillé aux côtés de Jonathan pendant ces années noires, et qu’il eut des doutes en ce qui concernait sa fille. Abomination ! Elle était passée à si près de la revoir… Si Potter s’y était mieux pris, peut-être aurait-elle vu sa fille avait, peut-être aurait-elle souffert moins longtemps, peut-être qu’Ariane l’aurait aimée…
Jonathan. Il parlait de Jonathan, et elle sentit son cœur se serrer. Chaque chose qui se rapportait à Jonathan lui faisait cet effet-là. Elle avait besoin de tout savoir, de tout connaître de lui, de tout aimer. Avec une grimace réprimée, elle se souvint qu’il venait de se marier. Il proposa de transmettre quelque chose à Jonathan de sa part, si elle voulait. « Non merci Potter, je suis assez grande pour passer des messages toute seule aux gens. » Elle parlait à un traître à son sang, d’accord, mais elle n’était pas tombée bas au point de devoir exposer au monde les sentiments qui l’unissaient à Jonathan. « Espérons qu’il se fasse assommer à coup de tracts par un Mangemort ayant du bon sens », laissa-t-elle échapper amèrement.
« Mal. », lâcha-t-elle simplement lorsque James lui demanda comment ça se passait avec sa fille. C’était un peu trop indiscret, comme question à poser à une Mangemort, un peu trop familier, mais elle répondit quand même. Elle avait besoin de lui parler. « Mal. », répéta-t-elle. « Evidemment, elle n’a pas été très heureuse d’apprendre qui était sa mère. Et puis après toutes ces années, j’étais tellement pressée de la retrouver que je m’y suis très mal pris. Maintenant, elle nous hait tous les deux. Pratiquement au point de vouloir se débarrasser de moi. Mais je suppose que je le mérite, n’est-ce pas ? »
Une femme aigrie et amère, voilà ce qu'avait retrouvé James Potter.
par la plume de James D. Potter ϟ Posté Lun Déc 03 2012, 21:26
"Les opposés s'attirent"
... personne ne mérite cela, même pas toi...
HJ : désolé, c'est pas terrible -_-'
La scène aurait pu paraitre fausse, irréelle. J’étais là, en présence d’une… amie, mal à l’aise, craignant que quelqu’un ne nous trouve, elle et moi entrain de discuter. Yolanda était le pêché. Yolanda était la traitrise. Yolanda était une partie de ma vie que je souhaitais oublier. Yolanda était une amie. Yolanda était une femme qui m’avait attiré. Yolanda avait été celle qui m’avait permis de ne pas sombrer plus que de raison. Yolanda était comme moi. Perdue, seule, en manque d’enfant, en manque d’ami. La seule qui pouvait me comprendre et que je pouvais comprendre. Elle m’avait manqué durant toutes ses années. On s’était toujours comporté comme de parfaits collègues qui s’ignorent. Il avait fallu que je parte du château pour que je réalise à quel point elle me manquait. J’aimais nos conversations étranges parfois, irréelles d’autres fois. Lily n’avait jamais eu vent de nos rencontres et je ne comptais pas le lui dire. Pourquoi faire ? Il ne s’était rien passé, même si l’on avait eu un instant de folie, notre lucidité avait repris le dessus la seconde avant que l’on commette l’irréparable. En la voyant devant moi, mal, semblant perdu de la relation qu’elle entretenait avec sa fille, je sus la raison pour laquelle je l’avais fui durant toutes ses années.
Je la désirais. Encore. Je me concentrais sur la chaise devant moi. Les yeux fixés sur le pied de droite, essayant de comprendre comment elle n’était pas encore tombée à la vue de l’était dudit pied. Il tenait par la Magie cela ne faisait aucun doute. J’en fus désolé. Pour elle. Pour sa fille. Pour la relation qu’ils avaient tous les trois. J’avais retrouvé ma femme et mes filles. J’avais deux garçons. J’avais retrouvé une vie heureuse. J’avais l’impression d’être si loin d’elle aujourd’hui. J’aimerais pourtant l’aider. Mais le pouvais-je ? Nous étions si différents tous les deux. Nos camps étaient différents. Nos idées étaient différentes. Nos vies étaient désormais différentes. « Je ne suis pas d’accord avec toi, Yolanda » répondis-je à sa question. Aussi méchante, désagréable, cruelle soit-elle, elle ne méritait pas ça. Personne ne méritait ça. Personne ne méritait d’être détester par ses enfants, malgré tout ce qu’elle avait pu faire. Je la sentais amère de son existence. Qui ne le serait pas à sa place ? Je me redressais sur mon fauteuil, croisant la jambe droite au-dessus de la gauche. Je m’allumais une cigarette. Je devrais arrêter de fumer. C’est dur. La fumée pénétra dans mes bronches me donnant un instant de plaisir intense.
« Personne ne mérite ça, surtout pas toi Yolanda. » lui dis-je entre deux bouffées de ma tendre cigarette. Personne. C’était un fait. « Montre lui qui tu es réellement. Je suis sans doute l’un des rares sur cette planète à connaitre les deux côtés de ta personnalité, montre lui celle que tu m’as dévoilé. Celle qui m’a séduite. Celle qui est devenue mon amie et elle reviendra. » J’ignorais si mes paroles pouvaient avoir un impact ou si j’étais maladroit dans mes propos mais j’avais eu l’envie de le lui dire. Yolanda fut, est et restera mon amie quoique les autres puissent en dire.